Créer une dynamique d’équipe
Voilà un peu plus de quatre mois que la PLR Christelle Luisier a pris ses fonctions de présidente du gouvernement vaudois. L’occasion de revenir sur son parcours au Conseil d’Etat et sa vision de la politique. Rencontre.

A la tête des institutions, du territoire et du sport, Christelle Luisier (48 ans) n’en est plus à son coup d’essai en politique. Une aventure qu’elle débute en 1998 en rejoignant les bancs du Conseil communal de sa ville d’adoption, Payerne. Après onze années passées à lever la main et déposer postulats et autres motions, elle enjambe la barrière de l’exécutif en intégrant la municipalité de sa ville de cœur. Enrichie de son expérience et à grand renfort de passion pour la chose publique, la Valaisanne d’origine devient syndique du chef-lieu broyard en 2011.
Comme de nombreux radicaux, elle est titulaire d’un brevet d’avocate. Si elle ne pratique plus le droit à proprement parler, ses connaissances en la matière sont mises à contribution quotidiennement. Avant de devenir membre du Conseil d’Etat, Christelle Luisier a goûté aux joies du Parlement cantonal en siégeant comme députée au Grand Conseil de 2012 à 2020. De succès en succès, c’est la seule candidate élue au premier tour des élections cantonales vaudoises. Aujourd’hui, la voilà qui siège à l’échelon supérieur de la politique vaudoise depuis le 1er juillet de cette année.
Vous êtes présidente du Conseil d’Etat vaudois depuis 140 jours. De manière générale, comment se passe votre présidence ?
Après une campagne épuisante pour tous les candidats, il a fallu plonger directement dans la prise de fonction. Les quatre nouveaux membres et la nouvelle configuration du gouvernement impliquent de repartir quasiment d’une feuille blanche. Pour moi, l’esprit d’équipe est primordial pour aller de l’avant. Peu importe la composition autour de la table, il faut créer une nouvelle dynamique. Une énergie nécessaire pour élaborer un programme de législature dans les délais. On peut cataloguer ces quatre premiers mois comme « pied au plancher ».
« Machine de guerre », votre surnom, témoigne de votre engagement. D’où vous vient cette passion pour la chose publique ?
Rire. C’est vrai que je suis déterminée et enthousiaste. J’ai un caractère valaisan qui fait que je dis les choses sans tourner autour du pot. Mon côté direct est compensé par mon côté jovial.
Peu importe la composition autour de la table, il faut créer une nouvelle dynamique
Mes parents géraient le café de la Poste, à Payerne, ils étaient tenanciers du restaurant. L’appartement que nous habitions n’avait pas de cuisine, j’ai donc passé le plus clair de mon enfance entre les murs du restaurant familial. Immergée dans le microcosme local, j’ai côtoyé toutes les tranches d’âges et les différents corps de métier, cela fut mon premier contact avec la politique. C’est à 23 ans que j’ai réellement pris goût pour la chose publique, lorsque j’ai repris la présidence du groupe radical à la Constituante.
Comment faites-vous pour allier vie professionnelle et vie privée ?
Il faut avouer que ce n’est pas facile d’allier trois vies à la fois, le privé, le professionnel et le politique. J’ai l’habitude de dire qu’il n’y a pas de superman ou de superwoman. Même si on s’organise au quotidien, nous laissons forcément des plumes dans un des aspects, car il n’y a pas de possibilité d’être à 100 % partout. Pour ma part, j’ai pu m’appuyer sur mon ex-mari qui s’est beaucoup investi dans la vie familiale. Sans lui, la situation serait sans doute différente.

Quel conseil donneriez-vous aux jeunes déjà engagés dans la politique communale ?
N’hésitez pas à vous investir, le jeu en vaut la chandelle. Chaque personne peut apporter de grandes choses pour la vie de sa commune. S’ouvrir à des thématiques que l’on connait moins permet également d’acquérir de l’expérience et de cultiver la passion de la politique. Il est primordial de bien gérer son emploi du temps, car nous n’avons pas des journées de 8h-18h.
Quel a été le dossier le plus difficile à traiter depuis vos débuts à la tête du Conseil d’Etat ?
A l’heure actuelle, je ne pourrais pas dire qu’un dossier a été plus difficile qu’un autre. Ils ont tous leur lot de complexité. La définition du programme de législature dans un délai de quatre mois a été un des éléments les plus exigeants.
En quelques mots, quelle est la stratégie du Conseil d’Etat pour les cinq années à venir ?
Le climat est pour la première fois au cœur du programme de législature vaudois. Cette nouveauté traite de mesures pour améliorer l’assainissement des bâtiments, le développement de l’offre des transports publics (subventionnement des abonnements Mobilis) ainsi qu’un montant de 200 millions pour renforcer la transition énergétique et 200 millions de francs supplémentaires pour des mesures d’impulsion dans les politiques publiques liées au Plan climat cantonal permettant en particulier de réduire les gaz à effet de serre.
Nous voulons aider les familles et la classe moyenne à faire face à l’inflation
Quarante autres mesures posent les jalons de notre stratégie pour les cinq prochaines années. Des baisses fiscales sont prévues à hauteur de 250 millions de francs pour garantir le pouvoir d’achat des Vaudois. La cohésion est également un volet important, les secteurs de la formation, de la jeunesse, de la santé, de la culture, du sport, de la sécurité, du logement, ou de la protection des données seront également modifiés pour contribuer à la qualité de vie des citoyens.
Le PS juge que le programme de législature 2022-2027 est en « demi-teinte, trop axé sur le pouvoir d’achat et démontrant une volonté d’aggraver les inégalités entre la classe moyenne
et les plus riches à grand renfort de cadeaux fiscaux », que répondez-vous à cette annonce ?
Il ne s’agit pas du programme de législature d’un camp politique, mais bien de l’ensemble du gouvernement. Nous avons équilibré les questions liées au pouvoir d’achat, à la cohésion et au climat. En ce qui concerne la fiscalité, nous souhaitons maintenir le filet social développé de notre canton. A titre d’exemple, la règle qui permet de limiter la charge liée aux primes d’assurance-maladie pour les bas revenus (règle des 10 %) est très forte dans notre canton. Aujourd’hui, nous voulons aider les familles et la classe moyenne à faire face à l’inflation. Ces baisses fiscales que nous avons déjà prévues pour 2023 représentent une bouffée d’oxygène pour cette tranche de la population.
Le futur de votre carrière politique, trop tôt pour parler de « l’après » 2027 ?
Je suis passionnée par cette fonction. C’est un honneur pour moi d’être présidente du Conseil d’Etat, je suis concentrée sur l’instant présent et les dossiers en cours afin de remplir, au mieux, mon mandat.