Comment te dire bonne fête Maman le 10 mai prochain ?
Chère Maman

Gil. Colliard | Comment te fêter avec ce satané virus qui se faufile partout, nous sautant au visage dès la première page du journal, crevant nos écrans, ricanant à la radio, matamore de nos appels téléphoniques, nous tenant à distance les uns des autres et jouissant de nous interdire les douces effusions de tendresse ? En réfléchissant à cette journée qui t’est dédiée, et que nous ne pourrons pas célébrer comme les autres années, des bouffées de souvenirs heureux ont alors envahi ma mémoire. Petite enfant, un grand sourire et 3 fleurs à la main, que tu as prises, touchée, bien qu’elles aient été arrachées à ton jardin. Puis sont venus les premiers dessins avec des cœurs partout, enfin, pour toi qui savait interpréter mes débuts artistiques. Qu’il était long d’attendre le dimanche de la Fête pour t’offrir le cadeau préparé à l’école : un bocal devenu pot à fleurs par la magie d’un peu de peinture, un support à stylos, un poème et bien d’autres trésors sortis tout droit de l’imagination de la maîtresse. Les géraniums payés avec mes économies et une petite rallonge offerte discrètement par papa. Le gâteau préparé dans ta cuisine d’où tu avais été exclue. Il fallait le voir avec tes yeux pour le trouver parfait ! Le beau bouquet acheté fièrement avec mon premier salaire. Mais rien n’a jamais supplanté le plaisir de se retrouver tous ensemble pour un repas. Bien sûr, il y a eu ces quelques fois, mais pas tant finalement, où un voyage, une invitation impossible à refuser de ma future belle-maman m’ont retenue ailleurs. Mais toujours, un de tes enfants a été à tes côtés. Quand ce fut mon tour de partager cette fête avec toi et de découvrir les petits présents de mes enfants, la table s’est agrandie. Puis un beau jour, toi et moi avons dû accueillir mes filles dans notre club de mamans. Des rallonges ont été ajoutées à la table, l’un de nous se chargeant d’aller te chercher chez toi et depuis l’an dernier à l’EMS. Un moment que tu attends et qui nous remplit de joie. Même si le confinement s’est légèrement assoupli depuis peu et que nous comprenons ces gestes barrières, qu’il va être triste de ne venir qu’à deux et de n’avoir que 30 minutes à partager à distance, masques sur le visage, avec interdiction de te prendre dans nos bras et de t’embrasser. Mais finalement, le 10 mai n’est-elle pas qu’une date choisie sur le calendrier ? La décision est prise. Nous allons reporter la Fête des Mères comme bien d’autres manifestations et la célébrerons comme à l’accoutumé, ensemble, autour de toi, même s’il faut attendre l’automne. L’amour d’une maman ne rayonne-t-il pas chaque jour de l’année ! Avec toute ma tendresse. Ta fille