Vendredi 28 février et samedi 1^er mars 2025 sont des jours à marquer d’une pierre blanche dans la déjà longue histoire de la commune de Savigny.

En effet, le Grand Conseil du canton de Vaud, sur proposition du Conseil d’Etat et d’une pétition des bourgeois de Lutry qui habitent la paroisse de Savigny, tendant à être séparés d’avec la commune de Lutry pour former une commune distincte. Vu les avantages qui doivent résulter de ce partage, décrête :

• La commune de Lutry sera divisée en deux communes, dont l’une conservera le nom de Lutry, et l’autre portera le nom de Savigny.

• Ces deux communes auront les mêmes droits, attributions et les mêmes obligations et charges que les autres communes du canton, conformément à la Constitution et aux Lois.

• Toutes les questions et difficultés qui pourront s’élever sur la division de ces deux communes et sur le partage de leurs biens seront réglées par le Conseil d’Etat.

• Le Conseil d’Etat est chargé de l’exécution du présent décrêt. Donné sous le Grand sceau de l’Etat à Lausanne le 17 mai 1823.

Par un arrêté du 21 mai 1825, le landamman en charge du Conseil d’Etat du canton de Vaud, J. Muret, signait l’acte décrétant que l’acte de partage est approuvé.

Si les textes entérinant ce partage et la création de la commune de Savigny sont relativement courts, ce n’est rien en regard des longues discussions qui permirent d’arriver à ce résultat. Car, il y a deux siècles en arrière, les conditions de vie étaient très différentes, entre la richesse des habitants du bas et la pauvreté des habitants du haut, survivants tant bien que mal dans des conditions climatiques difficiles d’une agriculture juste suffisante pour nourrir une famille. Le ressentiment envers les gens du bord du lac Léman était bien réel et justifié, car ces derniers faisaient peu cas de ces difficultés.

Et depuis ce moment-là, la commune de Savigny vit sa vie et les 925 habitants recensés en 1823 ont donné une impulsion nouvelle et indépendante à ce coin de pays qui s’est considérablement développé depuis pour arriver à 3418 habitants au 31 décembre 2022.

Le territoire de la commune de Savigny occupe la partie occidentale du plateau supérieur du district de Lavaux, entre les altitudes de 715 et 906 mètres, sur une surface 1601 hectares, dont 897 ha agricoles, 490 ha boisés et 4 ha de zone industrielle

Il constitue, en quelque sorte, la charnière entre Lavaux et le Jorat, ce Jorat dont il a les traits principaux. En outre, Savigny se trouve sur la ligne de partage des eaux entre la Méditerranée et la Mer du Nord.

Il était donc temps de fêter ces deux siècles d’indépendance communale par une première manifestation qui s’est déroulée au Forum avec une partie officielle vendredi soir et une partie récréative samedi soir. Qui dit partie officielle dans le canton de Vaud, dit obligatoirement quelques discours… Sous l’experte direction du maitre de cérémonie Daniel Métraux, municipal, c’est la syndique Chantal Weidmann Yenny qui a ouvert les feux avec un texte poétique et parfaitement adapté à une situation ancestrale qui a opposé les singes et les éperviers.

Les Lutriens sont surnommés Les Singes. Ce sobriquet provenant des activités des tailleurs de pierre Uli et Jakob Bodmer. Membres d’une corporation bernoise appelée Zum Affen (littéralement Aux Singes), ils se sont établis à Lutry et ont travaillé à la rénovation du Temple de Lutry vers 1570.

Les Savignolans sont surnommés les Bon-Ozî (soit les bons oiseaux, nom des éperviers en patois vaudois).

On peut conclure aujourd’hui que l’épervier a eu bon œil de choisir son destin !

Puis, ce fut au tour du syndic de Lutry, Charles Monod, de dépeindre avec finesse un divorce qui avait laissé des traces à l’époque et qui n’était encore pas totalement digéré lors de la fête du centième anniversaire en 1925, puisque le syndic de Lutry, unique représentant lutrien à cette manifestation, avait parlé de décentralisation naturelle engendrée par des différences d’intérêts… Et pour marquer que cette décentralisation était dorénavant acceptée, la commune de Lutry a offert le vin de la cérémonie !

Le conseiller d’Etat, Frédéric Borloz, a également souligné qu’il est assez inhabituel de « fêter » un divorce, en général on le fête une fois, et après il faut continuer seul son chemin ! Toutefois, pour une commune, le plus important est de vivre ensemble, en bon voisinage, et de sentir la population impliquée dans le ménage communal pour le bien de tous.

L’humoriste, autrice, chroniqueuse et metteuse en scène, Nathalie Devantay, a fort bien fait le lien entre les différentes interventions en compagnie des Sissi’s, les deux représentantes de la gente féminine vaudoise avec un accent vaudois solidement prononcé !

Le chœur d’hommes de Savigny, le chœur mixte Parenthèse et la troupe Arts en mouvement ont donné une note harmonieuse à cette soirée officielle.

Sans oublier, l’excellent menu du 200e qui a ravi les sens organoleptiques des convives qui sont tous repartis contents et heureux d’emporter avec eux un verre à vin marqué de la cérémonie.

Et le samedi 1^er mars, c’est une soirée récréative animée par Nathalie Devantay, les Sissi’s, Arts en mouvement et le chœur mixte Parenthèse qui ont offert aux spectatrices et spectateurs un super moment d’humour, de rires et de détente.