Cinéma – Rendez-vous dans l’espace-temps soleurois
Les Journées de Soleure ont débuté hier. Exclusivement en ligne, le festival de film consacré au cinéma suisse tente plus que jamais d’apporter son soutien à une branche en difficulté.
Prenez le temps – prenez place ! » Une ouverture sur le petit écran
Charlyne Genoud | Anita Hugi, directrice des journées de Soleure, propose de prendre le temps dans son mot de bienvenue accessible sur le site de l’évènement. Le public participera-t-il aux Journées de Soleure depuis les quatre coins de la Suisse ? La question semble sous-entendue dans ces quelques mots d’accueil. Le temps s’impose ainsi comme nerf de la guerre de cette édition en ligne. C’est aussi ce que semble illustrer le mode de projection choisi pour Atlas, film d’ouverture du festival, projeté simultanément sur les trois chaînes nationales mercredi 20 janvier. Serait-ce là une nouvelle manière de se réunir, dans un espace-temps partagé - celui du direct - alors que l’espace physique est devenu synonyme de danger depuis bientôt un an ? De quoi redorer le blason de la télévision en ces temps où le grand écran n’est plus le lieu de réunion des cinéphiles helvétiques.
Des rendez-vous variés
Cette édition exclusivement en ligne des Journées de Soleure propose dès aujourd’hui 170 films suisses visibles dans les 72 heures qui suivent leur diffusion. Ainsi, du 20 au 27 janvier, le festival amènera chaque jour son lot de nouveautés. Chaque film est suivi d’un entretien en temps réel, accessible le lendemain de la publication du film. Cette forme de rencontre permet au public d’interagir avec les cinéastes de la sélection « Panorama ». Enregistré, chaque live est mis en ligne ensuite et disponible pendant dix jours. Outre ces instants de partage, une multitude d’évènements et de discussions sont accessibles depuis le site des Journées de Soleure.
Primer les premiers pas
Un nouveau prix en soutien aux jeunes réalisateurs voit le jour au sein de cette 56e édition. Il s’agit du « Prima Opera », qui accompagnera à la remise des prix les traditionnels « Prix de Soleure » et le « Upcoming Talents ». Cette nouvelle récompense primera la première œuvre d’un réalisateur ou d’une réalisatrice présent.e.s dans la sélection officielle. Cette récompense est pionnière en son genre; il n’existe en effet pour l’heure pas de récompenses pour les premiers long-métrages en Suisse. Les Journées de Soleure prennent donc le parti de soutenir les jeunes réalisateurs et réalisatrices, dont les débuts ne sont jamais faciles, mais qui se voient encore compliqués par la situation actuelle.
Rencontre à la frontière
La rétrospective de cette année (« Rencontre ») se focalise sur Villi Hermann, un Tessinois qui poétise et politise en image depuis chez lui, à la frontière entre l’Italie et la Suisse. Entre deux pays, Hermann questionne les frontières depuis 1969. Finestre Aperte (1998) met par exemple en scène Giovanni Orelli entre deux fenêtres, l’une donnant sur l’Italie, l’autre sur un petit village tessinois. Son premier documentaire de 1974, Cerchiamo per subito operai, offriamo…, traite quant à lui du travail des frontaliers italiens de l’époque. Cette première rétrospective intégrale de son œuvre promet donc d’être riche en
mouvements et en échanges.
Un festival au nouveau visage
Doté d’un nouveau site web, les journées de Soleure font la part belle à l’actualité du cinéma suisse. La rubrique « magazine » informe par exemple du projet de Thomas Krempke, photographe mandaté pour une exposition de portraits des nouveaux visages du cinéma suisse, à découvrir jour après jour pendant le festival. Si regarder des films en ligne est certes moins palpitant que de se retrouver au milieu d’une foule pour partager larmes, rires et parfois indifférence, saluons l’effort des Journées de Soleure en se donnant rendez-vous dans l’espace-temps aménagé par leur soin pour sauver le cinéma suisse ! CG