Cinéma – Niki, de Céline Sallette
De Niki Matthewsà Niki de Saint Phalle

Céline Sallette, actrice française de renom ayant tourné avec Sophia Coppola, Bertrand Bonnello et Jacques Audiard pour ne citer qu’elles.eux passe derrière la caméra pour sa première réalisation, Niki. Le film biographique de la plasticienne Niki de Saint Phalle rend hommage à un destin proche de celui de la cinéaste, d’actrice à conceptrice.
Céline Sallette fait commencer son film en 1952 alors que Niki Matthews (Charlotte Le Bon) est mannequin et jeune mère de famille. A l’occasion d’une visite au Louvre, la jeune femme rencontre plus grand qu’elle-même, comme le suggèrent les plans larges qui la font apparaitre minuscule dans les grandes salles pleines de sculptures : Niki découvre la puissance de l’art et sa capacité à la faire recouvrer sa mémoire. Cette séquence inaugurale dans laquelle les corps de marbre apparaissent comme menaçants est montée et sonorisée pour provoquer une sorte de suspense. Accompagné par des flashbacks, Sallette met en scène le syndrome de Stendhal de celle que l’on appelle encore « la petite » à une séance photo. Le long-métrage qui couvre dix ans de la vie de Niki n’a ainsi pas encore installé son personnage que déjà le voilà en pleine transformation : elle veut faire ses propres œuvres et l’affirme par des lignes de dialogue affirmées du type « j’ai trouvé ma vocation », je veux faire de grandes choses ». Malgré cela, Charlotte Le Bon incarne une Niki de Sainte Phalle un peu doucereuse, aux yeux de chat grands ouverts quand elle ne traverse pas des épisodes de décompensation traumatique à la suite de l’inceste qu’elle a vécu. Se souvenant bribes par bribes d’une enfance volontiers oubliée, Niki change, s’affirme et envoie tout balader. Dès lors, le film est découpé par des cartons – au texte un peu bidon, comme tirés du journal intime d’une enfant tels que « Niki part au combat » et accompagné d’une trompette – annonçant les phases de cette évolution. Outre cet artifice, Sallette use d’un split screen à quelques occasions pour montrer ce que vit sa protagoniste simultanément aux autres personnages. Le film ne montre par ailleurs pas ses œuvres (à cause du droit d’autrice), mais tout le travail qui les accompagne, ce qui est saluable : enfin une artiste est portraiturée pour son travail et non uniquement pour sa vie privée. Ainsi, malgré les problèmes que l’on peut trouver à Niki, il parvient à restituer l’itinéraire de vie d’une véritable héroïne qui se définit et se redéfinit.
