Cinéma – Les bonnes étoiles, de Hirokazu Kore-eda
A voir au cinéma d’Oron, les jeudi 15 et mardi 20 décembre à 20h, dimanche 18 décembre à 18h

Lors d’une nuit pluvieuse, une jeune femme dépose son nouveau-né dans une boîte à bébés, précisant qu’elle reviendra. Lorsqu’elle concrétise sa promesse, l’enfant a néanmoins disparu, emmené par deux lascars qui vendent des bébés. Une fois au courant de leur quête, et surtout du butin, la jeune mère se lie au duo pour se mettre en quête d’une nouvelle famille pour son fils. A voir au cinéma d’Oron.
Famille recomposée
Le film qu’a présenté Hirokazu Kore-Eda au festival de Cannes 2022 parle de la famille avec cette proposition étonnante : celle d’une famille qui se recompose pour gagner de l’argent. L’association de la mère fuyante et des commerçants de bébés naît ainsi pour un butin monétaire, mais se poursuit dans l’affection et le soutien d’une véritable famille. Le voyage initiatique que force la quête du butin permet par ailleurs aux personnages de tisser ces liens quasi familiaux, et de pas à pas apprendre à se connaître. Dans la voiture notamment, ils apprendront à découvrir les multiples facettes qui composent les nouveaux membres de leur drôle de famille.
Public détective
Alors que les protagonistes se rapprochent entre eux, le public des bonnes étoiles vit quelque chose de similaire dans le rythme que prend la découverte de la diégèse. Les personnages de Kore-eda ne se laissent en effet pas facilement lire par ceux ou celles qui les regardent. Le rythme lent de ce film rend la découverte de son univers progressive. Cette dynamique, Kore-eda souhaitait la concrétiser en faisant progresser la compréhension du public, simultanément à celle de la détective qui suit en permanence l’équipe de malfaiteurs pour tenter de les prendre la main dans le sac. Pour une bonne partie, le long-métrage est ainsi assez lacunaire et mystérieux, jusqu’à ce que les vécus des uns et des autres s’éclairent.
Miroirs de courtoisie pour dialoguer
Le cadre laisse par ailleurs de la place aux décors: des très beaux plans larges permettent de voir les personnages évoluer dans un contexte, des rues pâles de Corée du Sud, là où il semble faire toujours jour blanc. Cette neutralité et cette douceur des couleurs de l’image résonne avec un film finalement assez simple, dans lequel les petits actes signifient beaucoup, comme lorsqu’une femme dit le fond grave de sa pensée en prélevant une fleur sur l’extérieur de la vitre de sa voiture. Les plans indirects se multiplient aussi par des jeux de reflets que la voiture permet: un dialogue entre le conducteur d’une voiture et son ami qui approche sa fenêtre permet un champ contre-champ en un plan grâce au reflet de ce dernier puis à la fenêtre qui s’ouvre. Au sein même de la voiture, les échanges sont rythmés par les ouvertures et fermetures des miroirs de courtoisie des pare-soleils. Un visage disparait ainsi soudainement au profit d’un autre.
Broker (les bonnes étoiles), fiction de Hirokazu Kore-Eda
Corée, 2022, 122′, VOSTFR, 14/14 ans
A voir au cinéma d’Oron, les jeudi 15 et mardi 20 décembre, à 20h
Dimanche 18 décembre à 18h

