Cinéma – Le roman de Jim
De Arnaud et Jean-Marie Larrieu
Le nouveau film des frères Larrieu « Le roman de Jim » parle d’Aymeric, un jeune homme un peu perdu, entraîné malgré lui dans une odyssée de la paternité qui le forcera à revendiquer sa place.
Trois relations comme trois actes
Aymeric est introduit par des images fixes, des négatifs de celles qu’il prend caché derrière son appareil photo et qu’il n’a pas les moyens de faire développer. Chaque rencontre déterminante pour son itinéraire de vie commence ainsi par une image fixe. L’histoire d’Aymeric est racontée en trois histoires d’amour comme trois actes de la vie du personnage principal.
Passivité d’un personnage entrainé
Il est un personnage passif, engoncé dans son corps et comme incapable de prendre des décisions pour lui-même. Il se laisse ainsi entrainer dans des histoires, à l’image de sa rencontre avec son ancienne collègue Florence (Laetitia Dosch). Alors qu’il la revoit dans une soirée, elle lui propose tout un programme et parle beaucoup face à cet homme qui ne fait presque que hocher de la tête ébahi. Florence est enceinte, et est ravie de trouver un homme gentil qui veut bien la suivre chez elle, puis endosser le statut de père pour l’enfant qu’elle porte.
Parce qu’il a de la peine à s’affirmer, il est fréquemment caractérisé par ses réactions aux affirmations des autres, à l’image d’une scène très comique devant la maternité, où un jeune père le félicite pour sa paternité alors qu’Aymeric ne sait comment se positionner. Petit à petit, le protagoniste du film des Larrieu trouve sa place dans cette famille recomposée, et vit pour cette paternité tombée du ciel. Cependant, l’histoire ne s’arrête pas là : Aymeric n’a toujours pas appris à revendiquer sa place. Lorsque débarque Christophe (Bertrand Belin), le père biologique de Jim, Aymeric est gentiment poussé hors du cadre. De père, il devient parrain, puis plus rien. Sa place lui a été arrachée après une phase bizarre de triangle amoureux dans la campagne jurassienne où tout le monde cohabite.
Se mettre en mouvement
« Le roman de Jim » s’appelle sans doute ainsi car au-delà de l’itinéraire de vie d’Aymeric, c’est la vie de Jim qui est définie par ces allers-venues paternels. En effet, l’enfant ne pardonne pas à sa première figure paternelle de l’avoir abandonné. Ainsi, malgré que les personnages de la mère et du père biologique soient diaboliques dans le film, rien n’excuse l’abandon d’Aymeric. Jim le force à prendre à retardement la place qu’il n’aurait jamais dû lâcher. Dans ce troisième acte, la présence de la nouvelle compagne d’Aymeric Olivia (Sara Giraudeau), une jeune professeure de littérature qui adore danser, contraste avec le personnage d’Aymeric, engoncé dans son corps immobile. Le fils perdu et cette présence bienveillante aident ainsi Aymeric à sortir de sa passivité. Le film est dès lors une belle illustration de la capacité des enfants à apprendre à leurs parents à être au monde, bien que son ton sonne parfois faux.
« Le roman de Jim » fiction de Jean-Marie Larrieu & Arnaud Larrieu
France, 2024, 101’, VF, 12/14 ans
A voir au cinéma d’Oron