Cinéma – « Mort sur le Nil » de Kenneth Branagh, 2022
Le retour d’Hercule Poirot

Charlyne Genoud | Il est temps de retrouver Hercule Poirot, le célèbre héros belge d’Agatha Christie. C’est du moins ce que propose la programmation du cinéma d’Oron, dès cette semaine, avec Mort sur le Nil, faisant suite au « Crime de l’Orient-Express ».
Cluedo sur les eaux
Scène de danse et de regard, le contexte est posé en deux époques.
Après une scène en noir et blanc ayant lieu durant la tendre jeunesse du héros, qui détruit et dessine le visage de Poirot simultanément et à laquelle on adhère ou non mais qui a le mérite d’introduire et d’encadrer une histoire ponctuelle, s’entame un voyage en Egypte pour le mariage de l’héritière Linett Ridgeway avec Simon Doyle. Là, Poirot retrouve son ami Bouc, qui fait du cerf-volant sur les pyramides. Mais la fête tourne vite au cauchemar : l’ex fiancée, abandonnée et délaissée par Monsieur, tape l’incruste et se balade flingue à la main. Elle ne mourra pas seule, elle l’a dit. Face à l’importante fortune de Madame, elle n’est cependant pas la seule à avoir des intérêts à tuer. Des travellings scrutent dès lors cette étrange compagnie, discrètement armée. Le film est dès lors construit en deux temps: une heure se passe sans que mort s’en suive, puis une heure est consacrée aux jubilatoires interrogatoires jusqu’à finir, comme toujours, sur le voluptueux discours du détective : la fête est finie.
L’inhumain Poirot
Cette jolie partie de Cluedo sur les eaux du Nil a le mérite de contextualiser son héros, on l’a dit. Ceci permet au film de gagner en profondeur, notamment en montrant l’aspect professionnel de Poirot, qui lui fait perdre en humanité. Trop affairé à scruter, le moustachu est sur la retenue. Le récit cadre, qui lui attribue une quête parallèle, permet cependant de lire autrement les liens qu’il tisse en voguant sur le Nil. Le peu de déploiement de ce fil durant le récit est regrettable, mais illustre bien le détective auquel nous avons affaire: un professionnel. « Vous avez l’esprit bien trop aiguisé pour un fermier, Poirot » avait dit son général, sur le pont d’Yser en pleine première guerre mondiale.


