Chexbres – Les nonante ans enchantés de Catherine Cellier
Un jeune homme a eu le culot de s’asseoir à ma table et de m’offrir un Schnitz de citron !

Pierre Dominique Scheder, Chroni-cœur de Chexbres | Ce 29 juillet 2021 à Chexbres, Catherine Cellier fête ses nonante ans dans un jardin extraordinaire à la Charles Trenet et pourtant bien de chez nous. Son mari, Marcel Cellier, éminent ethnomusicologue décédé le vendredi 13 décembre 2013, aimait à répéter que « le Bon Dieu nous a donné un paradis sur Terre » faisant écho aux propos de Henry Miller qui disait qu’« il est faux de vouloir faire de la Terre un paradis, elle est déjà un paradis ». Et en ce bel après-midi d’été, conversant avec Dame Catherine tout en sirotant une menthe à l’eau citronnée sous un ciel ensoleillé criblé de cris d’oiseaux alors, oui, qu’elle peut être belle la vie ! Le couple, d’ailleurs, s’est rencontré autour d’un zeste de citron. Tous les deux s’apprêtaient à manger au restaurant-pension « Le Parisien », situé alors en face du « Chat noir » à Lausanne. « C’était un vendredi, se rappelle Dame Catherine, car il y avait du poisson au menu. Un jeune homme a eu le culot de s’asseoir à ma table et de m’offrir un Schnitz de citron ! » Plus tard, elle se plaira à lui rappeler que « t’as attrapé un gros poisson avec ton citron » ! Marcel l’invita dans sa Topolino, d’abord pour des virées dans le coin, puis de plus en plus loin, vers les pays de l’Est d’où ils revinrent avec des trésors musicaux, dont par exemple, la musique du virtuose roumain Gheorghe Zamfir et sa flûte, enchantée, de pan. Ils firent connaître également Le Mystère des Voix bulgares. Un chœur ayant acquis une renommée mondiale. Il se produisit à la cathédrale de Lausanne pleine à craquer. Catherine épaulait son mari dans tous ses voyages. Elle photographiait, filmait, notait, engrangeant par la même occasion des trésors documentaires d’un patrimoine mondial en péril. Ne vivions-nous pas « le temps des derniers tziganes ? » Ils se marièrent en 1953, trois ans après leur rencontre. « Nous avions beaucoup à partager. J’ai appris de lui et lui de moi » me confie Catherine. Alors un tel amour devint fécond. Ils eurent trois enfants, Claude, Marc et Alexandre (avec ce dernier j’ai eu le plaisir d’enregistrer ma « Farandole des bagnoles »). Ainsi la captivante ritournelle de la vie continue grâce à de si belles personnes comme vous Chère Madame Catherine. Quelle chance de vous rencontrer ! Longtemps, longtemps les noms de la dynastie musicale des Cellier courront dans les rues du canton comme ceux des poètes de la célèbre chanson du « fou chantant ». Et les belles rimes n’ont-elles pas toujours raison ?