Chexbres – Hommage aux vignerons vaudois de Chabag
Inauguration du Chariot Tardent, dimanche 30 juin, sur la place du Cœur d’Or
Valentine Krauer | Dans le numéro du 11 février, nous relations l’épopée des familles de Chexbres et Rivaz, parties en char à cheval, pour trouver une vie meilleure en plantant de la vigne sur les bords de la mer Noire, à Chabo, village de Bessarabie. C’était en juillet 1822. Deux cents ans plus tard, à l’emplacement de la fontaine où s’abreuvèrent les chevaux de cet intrépide convoi, Jean-Marc Bovy, président du comité d’organisation, anime la cérémonie d’inauguration du Chariot Tardent. Cette œuvre stylisée de l’artiste lucernois Hugo Schaer est dédiée au fondateur de la colonie, le botaniste et enseignant veveysan Louis-Vincent Tardent. Aujourd’hui, cette région d’Ukraine continue à cultiver de la vigne. Giorgi Lukuridze, directeur du vaste domaine viticole de Chabo (surface égale à Lavaux) évoque avec gratitude le savoir-faire transmis par les vignerons suisses. Grâce à eux, des millions de bouteilles d’un vin largement médaillé, sont vendues du Japon au Brésil. En symbole de sa reconnaissance, Giorgi Lukuridze a offert quelques plants du cépage utilisé chez eux, le Telti Kuruk (queue de renard), plantés tout à côté du chariot. Pour imaginer ces familles «aguillées» sur leurs chariots, évoquant cet avenir aventureux, il faut se souvenir qu’ils parlaient en patois vaudois, dialecte régional du francoprovencal. Le groupe de musique Lo Tian 4tet nous plonge dans les sonorités de notre langue d’antan en jouant tout au long de la cérémonie des airs au swing magnifiquement mené par des musiciens de talent. Lo Tian 4tet est une formation née en 2013 sous l’impulsion de Lo Tian, un musicien de Puidoux qui allie l’amour du rythme et du patois en composant ces chansons dans «noûtron leinvouâdzo». Le chanteur lit un poème de Marie-Louise Goumaz, mère érudite des mainteneurs du patois… « se sant einmodâ, du tsi no tant qu’à Chabò, avoué grô de corâdzo et noûtron leinvouâdzo… » (Ils se sont mis en route, de chez nous jusqu’à Chabo, avec beaucoup de courage et notre langage). Ces quelques vers lui inspireront une chanson composée pour l’occasion. La cérémonie se termine par un verre de Telti Kuruk, offert à chaque convive. La place du Cœur d’Or est la première à rendre hommage à ces gens de la terre qui eurent le courage de quitter leurs racines pour en planter d’autres loin là-bas et y semer des graines de savoir-faire et de patois. « A clliaô crânè dzein : RESPET » (à ces crânes gens : respect).