Changement à la tête du Gruyère AOP


Le 1er juin dernier, Olivier Isler a succédé à Philippe Bardet à la barre de l’Interprofession du Gruyère (IPG) qui regroupe les producteurs, fromagers et affineurs, ceux actifs dans la région Oron, notamment. Fromager de formation et titulaire d’un diplôme d’ingénieur HES en économie laitière, cet homme affable et mesuré a géré, avec la force tranquille qui le singularise, l’Interprofession de la Tête de Moine pendant 23 ans, avant d’officier pendant quatre ans en qualité de responsable du registre fédéral des AOP et IGP à l’Office fédéral de l’agriculture.
Rencontre…
Le Courrier : Il semble bien que vous baignez dans l’univers du fromage depuis votre plus tendre enfance.
Olivier Isler : Je suis né dans le Jura bernois. Mon papa était artisan maréchal-ferrant et mon grand-père producteur de lait. Il livrait son lait aux laiteries et fromageries de la région. On y produisait déjà du Gruyère, même si l’AOP est venue plus tard. Oui, j’ai grandi dans un milieu agricole, ce qui dans une certaine mesure a orienté mes choix professionnels ultérieurs.
LC : Votre première rencontre avec le Gruyère ?
OI : Dans mon souvenir, je devais avoir 4 ou 5 ans. C’était lors de la visite d’une métairie… On m’a fait goûter du Gruyère. Je me souviens m’être exclamé : « Ah ! ça c’est du bon fromage ». Lors de mon apprentissage, j’ai appris à produire aussi bien de la Tête de Moine que du Gruyère. Après quoi, j’ai eu la chance de travailler pour le fromage le plus étonnant du monde (ndlr : La Tête de Moine) ainsi que pour le meilleur fromage du monde (ndlr : Le Gruyère).
LC : Alors que vous prenez la direction du l’IPG, quel message souhaitez-vous adresser à vos sociétaires ?
OI : Le Gruyère est un fleuron de notre patrimoine. Sa réputation et le succès de ses exportations reposent sur l’extraordinaire savoir-faire de toute la filière dont la dynamique est très positive. Les membres de l’IPG peuvent être fiers. Je me réjouis de mettre mon expérience à leur service et à celui du Gruyère AOP, l’objectif commun étant de continuer à satisfaire les exigences des consommateurs.
LC : Les défis ne manquent pas !
OI : Je n’ignore rien de la situation géopolitique du moment ! Elle est certainement tendue. Mais par le passé aussi il y eut des moments de difficultés. Ils ont été surmontées grâce au travail collectif. Nous allons faire en sorte que le Gruyère AOP garde la place qui est la sienne, en travaillant sur sa réputation et ses valeurs.
LC : A titre plus personnel, quel est votre plat préféré ?
OI : Au risque de vous surprendre, je vous dirais une bonne salade de pommes de terre. Cela tient sans doute à mes origines rurales. Mais j’aime bien aussi une bonne fondue…
LC : Moitié-Moitié, Gruyère ET Vacherin… ?
OI : Bien sûr ! Je ne suis pas sectaire (rires)…

Au revoir Philippe !
Habitant de longue date de notre région, où il vit avec son épouse Yvette et où il a vu grandir ses enfants, Philippe Bardet, désormais aussi heureux grand-papa, a pris la direction de l’Interprofession du Gruyère (IPG) en 1998. Il a joué un rôle essentiel dans le processus de reconnaissance du label AOP. Sous sa direction, le Gruyère AOP est devenu le fromage le plus vendu, le mieux exporté et aussi le plus célèbre de Suisse. Le 20 février dernier, Philippe Bardet a reçu le prix Agro-Star Suisse 2025, à l’occasion de la cérémonie d’ouverture du salon Tier&Technik, à Saint-Gall (image). Le lauréat 2025 a fait l’unanimité au sein du jury qui avait souhaité saluer les presque trois décennies passées à la tête de l’Interprofession de ce fromage oh combien ! emblématique de notre patrimoine alimentaire. Avec ce prix, le jury a voulu non seulement rendre hommage à l’engagement sans borne dont Philippe Bardet a fait preuve durant toutes ces années, mais aussi clore un chapitre important de sa vie professionnelle, avant qu’il ne cède sa place, au début de ce mois, à Olivier Isler.
La rédaction du Courrier lui adresse ses vœux pour une heureuse retraite, sans doute encore active, entouré de sa famille.