C’est à lire – L’île aux arbres disparus
Neuvième roman d’Elif Shafak (2022)
Martine Thonney, bénévole à la Bibliothèque publique du Jorat | Le personnage principal de ce roman est un figuier. Oui, un figuier qui raconte ce qu’il a vu, entendu, vécu depuis de longues années dans son île. D’ailleurs le Ficus carica est l’emblème du bassin méditerranéen. De par ses racines, il est incarné ; de par son tronc, il est debout même courbaturé ou tordu ; de par ses branches, il est porteur de fruits. Son île est celle de Chypre.
Les deux autres personnages de ce récit s’appellent Defne et Kostas. Elle est turque et musulmane, lui est grec et orthodoxe. Dans leur île déchirée par la guerre civile, la vie de ces deux jeunes amoureux s’avère bien difficile. C’était en 1974 que tout a basculé. Le combat fratricide a abouti alors à la partition du territoire îlien : la ligne de démarcation séparant le territoire turc au nord du territoire grec au sud perdure à ce jour.
Le point central de l’histoire racontée avec brio par son auteure repose sur la transmission du vécu : le récit d’une vie est-il à partager d’une manière limpide, à édulcorer avec les descendants ou tout simplement à taire ? Kostas et Defne ont été séparés par la guerre et les traditions familiales. Ils se sont ensuite retrouvés et se sont exilés, Ada est née mais les cicatrices du malheur sont restées vives.
L’auteure est une femme turque née en France en 1971 ; elle vit à Londres. L’île aux arbres disparus est son neuvième roman traduit en français.