C’est à lire – La Pêche au crabe
Patrick Rappaz – A lire sans ordonnance
Monique Misiego | Pour bien commencer l’année, lisons local! Nous avons le privilège de recevoir dans notre journal des livres envoyés par des maisons d’éditions mais aussi par des écrivains qui publient à compte d’auteur. Nul n’est prophète en son pays, me direz-vous ! Et bien c’est bien dommage. Parce que certains auteurs mériteraient d’être publiés, et ce Monsieur dont je vous parle le mérite amplement. Alors, timidité de l’auteur ou frilosité des maisons d’éditions ? je n’en sais rien à vrai dire peut-être n’a-t-il même pas essayé ? Et bien c’est un tort, Monsieur, je vous le dis franco. Parce que je sens que vous aimez bien ça, le franc, le direct, le sans fioriture. Parce que vous êtes direct, dans l’humour comme dans l’acceptation de la maladie. Je dirais même que vous devriez être remboursé par la Lamal, même si vous mentionnez que c’est à lire « sans ordonnance ». J’en parlerai à mon médecin pour qu’il le prescrive. Je dirais même plus, il devrait traîner dans toutes les salles d’attente des oncologues. Parce que, Bon Dieu, ce qu’il fait du bien, Ce que j’ai ri. Pas à toutes les pages, non, restons lucides, mais à tous les paragraphes. C’est le premier livre que je lis en 2021, c’est le premier que je chronique aussi en 2021, et c’est un premier livre pour vous. Je l’ai déjà dit souvent, j’adore les premiers livres, parce qu’ils sont pleins de fraîcheur et de sincérité. Et vous n’en manquez pas, ni de l’une ni de l’autre. Et vu votre humour, je pense que celui que vous projetez d’écrire sera d’aussi bonne qualité. Parfois, ces premiers livres ont une écriture innocente, maladroite, le sujet est bon mais l’écriture moins maitrisée. Dans celui-ci, il y a tout. C’est un coup de maître, Monsieur ! Permettez-moi encore une fois de vous le dire. J’ai un peu retrouvé un auteur que j’aime beaucoup et dont j’ai déjà parlé plusieurs fois dans ces colonnes, Jean-Louis Fournier, qui manie aussi l’humour, mais de façon plus noire, pour ne pas pleurer. Chez vous, on sent que vous êtes optimiste, que ce n’est pas un jeu. Que vous voulez aller de l’avant. Quels rires elles ont dû faire les infirmières qui vous ont soigné. Et par expérience, pour avoir accompagné un proche dans un cancer, je sais que ça détend l’atmosphère et que c’est apprécié. Alors rions comme vous le faites si bien. Il s’est produit un phénomène assez particulier en lisant ce livre, c’est que j’entendais votre rire. Parfois, on peut imaginer les personnages d’un roman, ou imaginer des odeurs comme dans « le parfum », mais là c’est le rire qui est omniprésent. Et on rit. Vous m’avez fait du bien, Monsieur, et je vous en remercie. Maintenant, il faudrait peut-être que je donne aux lecteurs l’envie de se procurer votre livre. Vous êtes nés en 1957 à Lausanne et vous habitez Savigny. Marié, deux enfants adultes. Le cancer n’est pas le premier souci de santé que vous rencontrez. Avant cela, vous avez subi une hépatite C, puis « épousé » la maladie de Parkinson, comme vous le dites, puis enfin ce cancer qui ne vous a pas eu. Ça fait beaucoup pour un seul homme. Et vous, vous parlez de tout cela en rigolant ! J’ai apprécié aussi le terme « les Fantastiques » pour désigner vos proches qui ne vous ont jamais lâchés. C’est important aussi de remercier les proche-aidants. Que dire de plus ? Pour ceux qui en douteraient encore, ce livre est à mettre entre toutes les mains des personnes touchées par la maladie, de près ou de loin, en peu ou en beaucoup. Pour ceux qui n’ont que des petits bobos et qui se plaignent tout le temps, ça leur remettra les pendules à l’heure! Pour ceux qui souffrent et qui ne se plaignent jamais, ça leur procurera un bon moment de rire, et comme le disait un de nos sept conseillers fédéraux : « rire, c’est bon pour la santé. »Monique Misiego
Livre disponible dans les magasins en ligne ou directement chez l’auteur. www.paparappaz.ch