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Une balade en héraldique vaudoise

Il est celui qui a conçu les armoiries de la nouvelle commune d’Oron, issue de la fusion avec les autres communes de la région, en 2012. Graphiste et dessinateur, mais aussi passionné d’histoire et homme de convictions – on se souvient de lui comme président de la Ligue vaudoise et éditorialiste de La Nation, notamment – Olivier Delacrétaz publie une « Balade en héraldique vaudoise », sorte de captivant guide amoureux de ce coin de pays et de sa mémoire.
Si l’ouvrage se laisse aisément déguster au fil des pages, dans l’ordre ou au gré de la déambulation du lecteur, il est le fruit d’un authentique travail de bénédictin, l’auteur ayant choisi de redessiner lui-même trois cent cinquante blasons communaux ou familiaux, ainsi qu’une série de dessins humoristiques pour défier la riche complexité du sujet. « J’ai mis un peu plus de deux ans et demi, pour compléter ce travail, dont huit mois à temps plein » confie-t-il, précisant que ce sont sa femme et ses enfants qui l’ont incité à se lancer dans cette aventure au long cours. « Sans doute en avaient-ils marre de m’entendre tout le temps parler d’héraldique » ajoute-t-il manifestement amusé.
Pour cet habitant d’Essertes, tout a commencé il y a une vingtaine d’années, lorsqu’il apprit que la commune de Villarzel, en proie à l’une de ces fusions dont le canton est devenu coutumier, se cherchait de nouvelles armoiries. « Villarzel était le village de ma mère et en son souvenir, j’ai offert au comité de pilotage de réaliser les nouvelles armoiries. Ils ont accepté » raconte-t-il. Depuis, Olivier Delacrétaz n’a eu de cesse de se documenter sur ce sujet, polissant au fil des ans ses connaissances et son expertise.
« On peut dire que l’héraldique s’est surtout imposé au Moyen-Âge, lorsque les nobles et les chevaliers portaient des armures et surtout des heaumes qui dissimulaient leur visage. Il fallait qu’on puisse les identifier grâce aux armoiries qui figuraient sur leurs écus » explique-t-il, précisant cependant que les blasons communaux vaudois, tels que nous les connaissons aujourd’hui, datent surtout du début du XXe siècle. Un exemple intéressant ou amusant dans notre district ? « Les armoiries de Ferlens. Elle affichent un fer de lance. C’est un jeu de mot sur le nom de la commune : fer-lance ».
Lorsque l’équipe chargée de la fusion d’Oron l’a approché, Olivier Delacrétaz avait fait remarquer à ses interlocuteurs qu’il était opposé à ce projet et qu’il s’était même fendu d’un article pour clamer son hostilité. « On m’a répondu : ce ne sont pas tes idées qui nous intéressent, mais ton travail » se souvient-il. « J’ai alors repris le rouge et or du drapeau d’Oron et le lion de Palézieux. Pour l’anecdote, lorsqu’il a vu le résultat, un agriculteur de la région m’a interpellé en me disant qu’en voyant ma première version du lion, il avait davantage envie de lui jeter du pain que de prendre la poudre d’escampette (rires). La version actuelle est nettement plus carnivore. »
Publié aux Cahiers de la Renaissance vaudoise, le bel ouvrage d’Olivier Delacrétaz, qui allie le récit à la poésie graphique des animaux chimériques et des végétaux stylisés, ainsi que le vocabulaire insolite propre à l’héraldique, peut être commandé sur le site de la Ligue vaudoise.

Commande
https://www.ligue-vaudoise.ch/cahiers/83
Conçu par Olivier Delacrétaz, les armoiries de la commune d’Oron se décrivent comme suit : De gueules au lion accompagné de dix billettes mises en orle, le tout d’or. Les dix billettes représentent les dix communes de la première fusion, en 2012.