Bon nombre de paysannes de l’époque ne vivaient pas dans le confort
Gérard Bourquenoud | Cette cuisine a toute une histoire du fait qu’elle était caractéristique de la vie des gens de la campagne à l’époque d’avant la Seconde Guerre mondiale. Je me souviens que dans les années 1940, ma grand-mère du côté de mon père vivait dans une toute vieille ferme dont la date de construction, en 1729, était sculptée sur le fronton de la porte de la grange. Cette femme paysanne devait préparer les repas de sa famille dans une grande borne qui faisait office de cuisine. Elle utilisait un potager à bois d’où s’échappait une épaisse fumée qui avait pour effet de fumer jambons, lard et saucissons. Et lorsqu’il pleuvait, que la borne était fermée au sommet, toute la famille devait parfois prendre ses repas dans la fumée. Le chaudron que l’on voit vers la cheminée était destiné à fabriquer du fromage ou des tommes, mais aussi à cuire un jambon entier et parfois de la soupe.
Ce n’était donc pas facile de vivre dans de telles conditions, en particulier l’hiver, car la chaleur dégagée par le potager à bois s’envolait dans la borne et ne réchauffait même pas la cuisine. Le mari de ma grand-mère, qui était frileux, portait parfois sa capote militaire pour prendre ses repas. Nous devons donc reconnaître qu’à cette époque, les gens à la campagne, tout particulièrement les familles paysannes, vivaient modestement et sans aucun confort. Elles n’avaient même pas les moyens d’améliorer leur standard de vie.