Bières – A Puidoux, Dr Gabs atteint des sommets de production
Arrivés en terres amoureuses en 2018, les trois amoureux de bières qui ont fondé la célèbre enseigne font prospérer leur entreprise. Aujourd’hui avec environ 35 employés, Dr. Gabs est la plus grande brasserie indépendante de Suisse Romande.

C’est une douce odeur de levure qui accueille les visiteurs tout juste sortis de l’autoroute à Puidoux. Là, entre l’A9 et le petit ruisseau du Forestay, que s’est installé en 2018 l’usine des bières Dr Gabs, plus grande, plus moderne et plus rentable que la précédente, à Savigny.
C’est que, depuis sa création en 2001, la brasserie des trois amis Gabriel Hasler, Reto Engler et David Paraskevopoulos a roulé sa bosse pour s’imposer dans le marché vaudois, voire suisse et au-delà.
Après avoir reçu un kit de bière à faire chez soi et installé le tout dans sa cave, Gabriel, 16 ans, a rameuté ses deux amis et en 2004, la petite entreprise s’installe à Epalinges. Là, elle produit déjà environ 400 litres par an, et ses propriétaires décident alors de se lancer à plein temps dans leur passion. Puis il y a le déménagement à Savigny, en 2012, l’arrivée de leurs premiers employés, pour une production augmentée à 2500 litres par an. 24 ans que le trio brasse inlassablement, aujourd’hui avec l’aide de leur trentaine d’employés. Une collaboration fondée sur l’amitié mais qui marche aussi grâce à un bon partage des tâches. « Nous avons les trois des compétences très complémentaires », nous explique Reto Engler, aujourd’hui en charge de la production. « Ce qui nous permet de ne pas se marcher sur les pieds et d’avoir chacun nos rôles assez distincts à la brasserie. »
Installés depuis 2018 dans d’anciennes caves du vigneron Testuz, Dr Gabs bénéficie d’un terreau fertile. Parce que, si faire de la bière au beau milieu de Lavaux, il fallait le faire, la culture de la « bonne boisson » qui domine l’endroit a profité aux trois docteurs. « C’est un avantage pour nous d’avoir développé de la bière spéciale dans un univers de vin », reconnaît Reto Engler. « Il y a déjà cette conscience du produit. Le vin, on en commande rarement juste un verre, sans s’intéresser au cépage, à l’origine, au producteur, etc. C’est une approche qui est proche du style de
produit que l’on fait. »

Parce que ce ne sont pas des bières ordinaires qui sortent des grands fûts d’acier inoxydable de Puidoux. Les bières Dr Gabs sont des bières « spéciales », appellation qui tend à les différencier des grosses productions de lager ou de pils. Elles se distinguent par des particularités mises en avant comme des ingrédients spéciaux ou un brassage particulier. Au-delà de l’arc-en-ciel de huit bières qui forment les bières phares, le brasseur de Puidoux développe sans arrêt de nouvelles idées et concepts. Dans le coin de la salle de brassage, caché derrière les trois cuves de 50’000 litres, une toute petite installation de 500 litres permet de produire les « one shots », éditions plus que spéciales et très limitées. Le brassage de la bière spéciale de l’été 2025, blonde et légère, touche à sa fin. Deux des collaborateurs de la brasserie, originaires d’Italie, ont lancé l’idée de s’inspirer des houblons italiens pour cette édition spéciale. Et si les racines sont profondes dans le pays de Vaud, le docteur s’exporte également avec des partenariats dans le reste de la Suisse, notamment avec un autre docteur zurichois, le Dr Brauwolf.
Le buveur de Gabs est donc épicurien, il aime les bons produits, et fait attention à leur origine. Il peut acheter la « chameau » ou une « Swaf » en magasin mais également au restaurant : plusieurs d’entre eux sont partenaires de la brasserie, comme l’Auberge de Puidoux ou le Pigeon à Forel. Et cette année, c’est une première, Dr Gabs a été le fournisseur du Cully Jazz festival. Un partenariat qui les enracine encore davantage dans la région.
Dans un pays qui bat des records en nombre de microbrasseries par habitant, Dr Gabs ne compte finalement que pour 0,5 % de la production nationale, avec ses 2,5 millions de litres annuels. Il faut donc pouvoir s’adapter au marché et à ses demandes. Une neuvième bouteille de bière sans alcool à base de fruits viendra compléter l’arc-en-ciel dans le courant de l’été, par exemple. « Dans la bière, le seul segment en croissance, c’est la bière sans alcool », explique Reto Engler. « Le reste est en décroissance. En Suisse, il y a un net recul de la consommation d’alcool qui touche tous les secteurs d’alcool. On est encore en croissance mais on remarque ce tassement de la consommation. » Sur le paysage brassicole romand, d’ailleurs, les brasseries qui marchent sont plutôt rares. Après le rachat de Cardinal et de Valaisanne par Carlsberg, de Boxer par Locher en Appenzell, Dr Gabs est dorénavant la plus grande brasserie indépendante de Suisse Romande.
