Barbecue

Avec le retour des beaux jours, la saison des barbecues bat désormais son plein dans les jardins et les terrasses. Certains week-ends, selon les endroits, il n’est pas rare de flairer le fumet de la viande grillée, appétissante pour beaucoup, mais horripilante sans doute pour toutes celles et ceux qui ont définitivement exclu de leur alimentation les produits carnés, voire tous ceux qui sont d’origine animale.
Le mot « barbecue » désigne un appareil, souvent au feu de bois, utilisé pour faire des grillades en plein air. Par extension, il définit aussi un pique-nique où l’on mange de la viande ainsi grillée. Mais d’où nous vient ce mot étrange ? Certains linguistes, à vrai dire peu nombreux, affirment qu’au Moyen-Âge, à une époque où le français était la langue en usage à la cour du Roi d’Angleterre, lorsqu’on avait abattu une belle bête à la chasse, on l’embrochait d’une pièce pour la faire cuire en faisant passer la broche « de la barbe au cul », autrement dit de la tête au croupion. L’expression se serait simplifiée dans la langue anglaise, avant de nous revenir.
Cette hypothèse n’est cependant pas retenue par les linguistes du Centre national de ressources textuelles et lexicales (CNRTL) qui font référence en matière d’étymologie dans le monde francophone. Selon eux le mot « barbecue », emprunté à l’anglo-américain, n’est apparu en français que dans les années cinquante. Attesté en anglais, dès la fin du XVIIe siècle, il aurait été « piqué » à l’hispano-américain « barbacoa », lui-même dérivé d’un mot amérindien.
En arrivant dans les Caraïbes, les Espagnols s’aperçurent qu’une tribu locale, les Taïno, de l’ethnie Arawak, avaient une technique particulière pour cuire la viande. Ils la disposaient sur une grille en bois suspendue au-dessus d’un brasier. Ce dispositif, qui permettait à la viande de cuire lentement pour mieux se conserver, tout en éloignant les animaux et les insectes, était appelé « barbakoa ». Notons que malgré la quasi-disparition de ce peuple, beaucoup de Cubains, d’Haïtiens, de Dominicains et de Portoricains se considèrent aujourd’hui comme les descendants des Taïno.
Selon la Suva, le principal assureur-accidents de Suisse, chaque année, les grillades sont à l’origine de quelque 400 accidents domestiques et de pas moins de 500 accidents en plein air, le plus souvent des brûlures. Les trois quarts des personnes accidentées sont des hommes. Rien de surprenant, les historiens nous apprenant que depuis la Préhistoire, la gestion du feu est une histoire… de mecs !
De nos jours, il est vivement recommandé de préférer un gril électrique ou au gaz, la combustion incomplète des graisses animales au contact des flammes de charbon de bois générant des benzopyrènes, réputés cancérigènes. Dans une tranche de « barbaque » (terme argot pour « viande », lui aussi dérivé de « barbacoa ») grillée au charbon de bois, les concentrations en benzopyrène peuvent atteindre l’équivalent de celles contenues dans 600 cigarettes . Bon à savoir !