Avenir Suisse
Cette année, l’été a mis les agriculteurs à genoux à travers toute l’Europe. La saison touche maintenant à sa fin mais ne laisse pas de répit pour cette corporation. Voilà qu’on veut redéfinir leur métier. « Avenir Suisse » publie une stratégie en 10 points en faveur de tous… Un brûlot de 65 pages accompagné du « Registre des privilèges » accordés aux fermiers, on croit rêver ! Parler d’une levée de boucliers est un euphémisme. Toutes les associations, faîtières et unions de paysans n’ont pas attendu la fin du week-end dernier pour se lever comme un seul homme et dénoncer, avec une prose imagée, cette prise de position des « experts de la politique agroalimentaire ». Nous pensions tous que l’agriculture allait mal, mais en terme d’expression elle est dans une forme olympique ! Pour mémoire, « Avenir Suisse » est un think tank indépendant – littéralement, un réservoir à réflexions – chargé de promouvoir des idées pour le futur de la Suisse. Cette société ne cache pas qu’elle se fonde sur des principes libéraux inspirés de l’économie de marché, concept qui en soi est louable, sauf… lorsqu’il s’agit d’engager des moyens pour protéger une corporation ! Or, dans l’îlot de cherté suisse, la question est bien celle-là. Il s’agit bien de faire (sur)vivre décemment la paysannerie helvétique, celle-là même à qui l’on impose déjà une production de qualité supérieure avec une éthique irréprochable. Ces aspects impliquent forcément un coût. Et l’on voudrait que le paysan soit aussi un économiste doublé d’un entrepreneur… L’église se fout-elle de la charité ? Vous en conviendrez, cela vaut bien un fromage… AOC bien sûr !