Allons dans le Chablais pour une balade culturelle
A travers Bex, il vaut la peine d’en faire le tour

Pierre Jeanneret | Le village de Bex n’est sans doute pas une grande destination touristique, même si elle le fut un temps grâce à ses Bains. Mais il vaut la peine d’en faire le tour, chargé d’histoire, comme nous y invite une brochure (qui comprend un plan des lieux) éditée par la commune. Tout d’abord, un peu de géographie et d’histoire ! Avec ses 96,56 km2, la commune de Bex, qui s’étend sur la plaine du Rhône et les Préalpes, est la troisième en importance du canton de Vaud. Elle compte quelque 7800 habitants. Le toponyme de in Baccis, lié à un nom de personne, apparaît pour la première fois en l’an 600. Dès le 11e siècle, la région de Bex appartient à la Maison de Savoie. Puis elle passe sous contrôle bernois en 1476, pendant les guerres de Bourgogne, et cela jusqu’à l’indépendance vaudoise en 1798. Cette époque bernoise est très importante dans l’histoire de Bex, à cause de l’exploitation des mines de sel depuis 1680.

A travers les rues de Bex
Notre parcours commence à la gare CFF, qui jouxte celle du BVB (Bex-Villars-Bretaye). Le Petit Buffet de la Gare a une particularité : ses murs sont ornés d’aquarelles d’un peintre bellerin, Aimé-Félix Nicollerat, qui a séjourné pendant six ans en Egypte. Le long de l’avenue de la Gare, on verra de grandes villas construites en 1908-1909 et inspirées par l’Art nouveau. Puis nous passons devant l’ancien Grand Hôtel des Bains, ouvert en 1824. Il abritait un centre thermal renommé pour son eau sulfureuse. Quant à la chapelle anglaise, elle atteste le fait que de nombreux curistes britanniques séjournaient à Bex. Nous trouvons ensuite sur notre chemin l’ancien Hôtel de l’Ours… devenu Hôtel de l’Union après l’indépendance vaudoise. Jean-Jacques Rousseau, Alexandre Dumas, François-René de Chateaubriand et Victor Hugo y sont séjourné. Mais nous voilà arrivés devant le temple, ancienne église catholique dédiée à Saint Clément et devenue protestante en 1527, après la Réforme imposée par les Bernois. Son imposant clocher est le second plus haut du canton de Vaud, après celui de la cathédrale de Lausanne. Il jouxte la cure protestante, une belle bâtisse qui date du 17e siècle. En face, on trouve la Maison de commune de style classique, construite en 1812, avec ses beaux volets bleus et blancs. Nous empruntons maintenant la rue Centrale. Attention aux passages des rames du BVB ! L’Hôtel de Ville édifié en 1746-1749 comporte d’élégantes arcades et un restaurant renommé. Nous arrivons à la place du Marché, qui n’a guère changé depuis le 18e siècle. A cette époque, c’était un centre commercial d’importance, qui attirait des marchands de bétail venus de Bourgogne, du Piémont et de Savoie. Sur la place, le monument Forneret honore la mémoire du commandant des troupes vaudoises qui fut tué en 1798, lors du combat du col de la Croix, une victoire éphémère des habitants des Ormonts favorables à Berne. Charles-Ferdinand Ramuz en parle dans son roman La Guerre dans le Haut-Pays. Puis nous bifurquons vers la rue de la Servannaz. L’église catholique Saint-Clément comprend un curieux clocher-campanile circulaire. Un peu plus loin, il faut s’arrêter à la fontaine de l’Allex, dont le couvert en bois possède des décorations Art nouveau de « style sapin », comme on en trouve à La Chaux-de-Fonds. Retournant en direction du centre du village, on passe devant le Château-Feuillet, belle maison de maître construite entre le 16e siècle et 1786. On jettera aussi un coup d’œil sur l’ancienne chapelle de l’Eglise libre (avant sa réunification en 1966 dans le cadre de l’Eglise évangélique réformée du canton de Vaud). Et nous voilà parvenus au terme de cette balade historique. Celle-ci peut être complétée, pour les bons marcheurs, par un autre tour en zigzag sur la colline de Chêtres, où l’on trouve notamment le Grand Marais, la Roseraie du Diable-Vert et une partie des fortifications Dufour, construites dès 1830 sur le défilé de Saint-Maurice. Elle figure dans la même brochure. Et bien sûr, si vous ne l’avez pas encore fait, ne manquez pas la visite des fameuses Mines de sel, intéressante autant pour les adultes que pour les enfants. C’est dans ses galeries souterraines que se déroule Les protégés de sainte Kinga, le dernier et captivant thriller de Marc Voltenauer, un maître du roman policier suisse. Toujours sur le plan culturel, rappelons que dans la « campagne Szilassy », un beau parc à l’anglaise qui domine le bourg, a lieu tous les trois ans Bex & Arts, une grande exposition de sculptures en plein air. La dernière a eu lieu en 2020. Bonne balade !



