Aligner des mots
Au dernier éditorial, le rédacteur en chef, Arvid Ellefsplass, rendait hommage aux correspondants de votre journal.
Marie | Rien de tel pour motiver les troupes à poursuivre leur travail avec encore plus d’entrain. On cherche partout la reconnaissance de ce qu’on fait, ici c’est chose faite. Aligner des mots puis des phrases peut paraître facile, pourtant il suffit de changer un mot et tout le paragraphe perd son sens. Pour ma part dès que j’ai appris à écrire, ma maman me dictait les lettres destinées à mon père qui se trouvait à l’étranger. Les lettres commençaient toujours par: «Cher Papa, nous espérons que tu vas bien, ici toute la famille se porte bien…» Même si ce n’était pas toujours vrai, on se gardait de le dire. A cette période-là le plus difficile c’était de garder la plume entre le pouce, l’index et le majeur de façon à ce que la pointe ne s’accroche pas au papier fin. Ma plume n’était jamais loin de l’encrier et l’exercice devenait carrément périlleux pour les mains maladroites d’une petite écolière lorsque je devais le remplir. L’arrivée de la cartouche fut certainement une des plus importantes innovations dans l’univers des plumes, quoique j’ai passé rapidement au stylo à bille avec lequel je griffonne mes idées sur un cahier, qui deviennent plus tard des chroniques comme celle-ci.