Acheter ou ne pas acheter un livre ?
Milka | Le Conseil fédéral vient de remettre au Parlement des propositions de réformes concernant la TVA sur les livres. Certes, nous sommes tous tentés d’acheter au moindre prix. Il est clair qu’acheter un livre chez Payot ou l’acheter sur Amazon revient à diviser le prix quasiment par deux. Sauf que si vous l’achetez en Suisse, la TVA est prélevée et revient directement dans les caisses de l’Etat et est redistribuée sous une autre forme. L’argent circule mais revient par un autre biais au peuple. Si vous l’achetez sur Amazon, il est bien clair que vous enrichissez Amazon et personne d’autre.
L’acheter en Suisse oui, mais Fnac ou la petite librairie du coin ?
Encore une fois, chacun regarde à son porte-monnaie. Mais c’est comme acheter son pain à la station-service en rentrant du boulot, un jour on mangera tous le même pain et nous n’aurons plus de boulangers. Et le dimanche matin, nous mangerons tous les mêmes croissants. Mais revenons à nos moutons. Si vous achetez à la Fnac, certes vous avez des points qui sont cumulés et qui vous donnent droit, au bout de combien de temps, à certains rabais. Vous avez souvent le 20% sur les nouvelles sorties, c’est bien. Mais nous lisons tous les mêmes livres, à savoir ceux qu’on pose en tête de gondole ou juste à côté des caisses pour bien vous tenter et vous faire acheter le petit livre de poche que vous n’aviez pas encore. Il n’y a pas de mal à lire du Lévy, Musso, etc. ça détend et c’est parfois pas mal, mais c’est comme pour le pain, nous allons tous lire les mêmes contenus. Si vous vous rendez à la petite librairie du coin, vous pouvez faire part de vos goûts et on vous orientera sur des auteurs dont vous n’aviez peut-être jamais entendu parler mais qui valent le détour. J’ai même une petite anecdote sympathique à ce sujet. Je me trouvais à la Librairie du Midi à Oron, une dame est entrée pour acheter un livre pour l’anniversaire de son frère. Elle s’empare d’un livre et demande au libraire: il est bien celui-là, non? Et le libraire de lui répondre: oui il est bien mais votre frère l’a déjà lu. Ça, c’est du service personnalisé. A la Fnac on saura vous dénicher le Maxime Chattam au troisième rayon à gauche mais certainement pas plus. Et comme pour le pain dans les stations-services, si nous n’achetons qu’à la Fnac, un jour nous n’aurons plus de petites librairies.
L’acheter ou se le prêter?
Les réseaux sociaux sont de plus en plus actifs, et on n’y échappe pas pour les livres. Chacun y parle de son dernier coup de cœur. On échange des avis. Certes, si ce sont de bons conseils, on va courir acheter le dernier livre sur lequel 30 personnes ont émis un avis positif. Ce qui est bien en soi. Il y a aussi les groupes de «livres à donner» où chacun peut se débarrasser des livres qu’il ne veut pas garder et où les moins fortunés peuvent lire et se cultiver gratuitement. Il y a aussi les boîtes à livres (petite parenthèse, il y en aura une très prochainement à Oron, d’autres précisions suivront) : on en pose un, on en prend un, les crossbooking, où chacun doit trouver un livre abandonné à un endroit précis. Il y a l’abandon pur et simple d’un livre dont on ne veut plus sur un banc public ou dans un train, une salle d’attente. Il y aussi les bourses aux livres à des prix vraiment très minimes. Tout ces échanges sont positifs, et pour les lecteurs et pour l’écologie.
Tout le monde devrait avoir accès à la culture. Tous les systèmes sont bons, du moment qu’ils permettent à chacun de lire.