A la rencontre des gens d’ici
Kidist à Chexbres-Puidoux

« Je suis diplômée en anglais et en littérature de l’université d’Addis-Abeba, en Ethiopie, où je suis née. Mais j’ai toujours souhaité devenir peintre, même si je n’y étais pas encouragée par ma famille. J’ai choisi la peinture acrylique car elle sèche vite. J’utilise de rapides mouvements du pinceau pour exprimer l’émotion et le mouvement. Je signe mes œuvres Degaffe (prononcer Dégaffé) en l’honneur de mon grand-père et des héros qui sont tombés en 1936 dans le sud du Tigré, pendant la guerre contre les Italiens qui avaient envahis mon pays. »
Peintre aujourd’hui universellement reconnue, Kidist Hailu Degaffe, compte à son actif des dizaines d’expositions, en Suisse, en France ou encore aux Etats-Unis, notamment, ainsi que de nombreuses distinctions. « En 2008, à Addis Abeba, j’ai participé à une grande exposition avec d’autres artistes. C’est là que j’ai rencontré celui qui allait devenir mon mari, lui aussi artiste et designer. Il venait de Suisse mais était familier de la corne de l’Afrique. On a d’abord songé s’installer en Ethiopie. Mais on a finalement décidé de venir ici où nous nous sommes mariés », raconte-t-elle.
Les époux vivent aujourd’hui dans un joli quartier situé géographiquement à Chexbres, mais administrativement rattaché à Puidoux. L’atelier est encombré de tableaux, de documents, de photos et de fleurs. « Je puise mon inspiration dans la cause des femmes, le monde de l’enfance, les animaux, les paysages et les traditions de mes deux pays, celui de mon enfance et celui qui m’a adopté », explique-t-elle, précisant : « Ici à Chexbres, par exemple, en 2015, j’ai exposé des tableaux consacrés aux paysages du Léman. »
Très concernée par la cause des femmes, celles notamment qui subissent des violences dans son pays d’origine, Kidist est engagée, à travers ses œuvres dans la lutte contre les mariages forcés et les mutilations sexuelles infligées encore aux fillettes et aux femmes dans la Corne de l’Afrique. « Ce sont de très anciennes traditions qui perdurent et dont il est très difficile de venir à bout », souligne-t-elle. Certains de ses portraits sont d’ailleurs privés d’oreilles, « pour montrer que ces femmes ne sont pas entendues ».
Les œuvres de cette artiste luxuriantes sont actuellement exposées, jusqu’au 22 juin à Lausanne, chez DIFF, place du Tunnel 9, anciennement Plan B – Sidewalk Café. Plusieurs autres expositions sont en cours de préparation, à Genève, notamment.
Merci de votre accueil souriant, Kidist, et tous nos vœux pour la suite.