La chronique du petit entrepreneur
Vous avez encore en décembre?

lucien@spurring.ch
M’a demandé une cliente qui souhaitait liquider son budget marketing 2025 avec la production d’une vidéo institutionnelle. Loin de moi l’idée de cracher dans la soupe mais en décembre, à part recharger mon estomac, mon foie et mes cernes, je n’ai plus de dispo Madame. Alors évidemment, nous pouvons facturer sur 2025, réaliser en 2026, du calme. Mais en décembre, vous avez du temps pour quelque chose ? C’est quoi ce mois de cinglé.
D’abord, c’est qui le génie qui a inventé le vin chaud ? Honnêtement, je le mets sur le podium avec celui qui a imaginé le cervelas et en troisième, Roger Federer bien sûr. C’est encore plus ingénieux que la sangria, parce qu’en plus de servir de la piquette avec du sucre, tout le monde ne boit que ça pendant un mois. A part les quelques puristes qui boivent encore du blanc mais ceux-là, c’est toute l’année. L’autre jour, un pote m’a demandé la recette du vin chaud : des oranges coupées, des bâtons de cannelle, des clous de girofle ou de l’anis étoilé, du sucre et le rouge le meilleur marché. De toute façon, on ne sentira rien. Et le prix ! Non mais vous êtes des malades de mettre 7 balles pour un vin chaud. Même à Echallens, alors que nous le faisons nous-mêmes, nous le vendons 5 francs pour déculpabiliser. Oui parce que comme la sangria, ça s’achète aussi prêt à servir.
Mais revenons à décembre. Vous avez encore un soir de libre, vous ? Entre le souper de boîte, l’agape du foot, le chant des enfants, l’apéro de la fondation et l’anniversaire des sagittaires, je vais serrer. Honnêtement, j’arrive bientôt à dire la provenance du fromage à raclette et l’origine du Chasselas dans la fondue. Si je devais justifier à un végétarien pourquoi j’ai mangé autant de bourguignonnes, je pense qu’il me demanderait de mettre le feu à un avion pour compenser. C’est dramatique. Et je ne vous parle pas du niveau d’énergie le matin. Etant donné qu’on compense le manque de soleil, la chute des températures et la dépression de fin d’année, je m’enthousiasme à la moindre loupiotte. Si quelqu’un allume un sapin à Lausanne, je vais me coucher à minuit. Au bout d’un moment, j’ai quand même l’espoir de faire la différence entre un mardi et un vendredi.
Décembre, c’est le moment de l’année où on te demande le plus de bosser et en même temps, c’est le mois où tu as le moins envie de bosser. L’autre jour, j’ai lu un article rédigé par un directeur RH qui évoquait le fait qu’on devrait profiter de décembre pour se reposer afin d’être en forme pendant les fêtes. Mais allez dire ça aux tarés qui ont lancé le Black Friday et le Cyber Monday. Deux jours qui se sont transformés en semaines. J’ai contracté un prêt sur mon 13e salaire alors que je n’en reçois pas. Ma carte de crédit porte un bonnet, tellement je la sors. J’envisage d’acheter une ferme pour fabriquer ma farine, à force de m’enfiler des biscuits les yeux fermés. Et c’est quoi cette maudite playlist Spotify qui tourne en boucle pendant un mois ? Ce n’est plus des chansons de Noël, c’est des acouphènes permanents. Je connais tellement les chansons que j’ai l’impression que c’est moi qui les ai écrites.
Sans parler des cadeaux – le défi ultime de recevoir le plus de messages « on ne se fait pas de cadeaux cette année » sans se sentir pingre – il reste l’épopée des films de Noël. Oui, parce que chaque saga devient un film de Noël : Star Wars, Harry Potter, Le Seigneur des Anneaux et j’en passe. Mais ce que je préfère, c’est les comédies américaines. Netflix a la capacité à produire un nombre de merdes en si peu de temps, ça tient du miracle chrétien. Alors qu’un bon vieux Le Père Noël est une ordure fait toujours l’affaire entre le fromage et le dessert. D’ailleurs, vivement mon anniversaire, ça sera l’occasion de remanger un bout de gâteau bien mérité. Je suis du 29 décembre, comme Jude Law. Coïncidence ? Certainement pas.


