Exposition – Anne-Lise Saillen s’interroge sur notre lien avec la nature menacée
A la Galerie du Carolin à Syens, du 7 au 23 novembre
L’artiste Anne-Lise Saillen a son logement et son atelier à Grandvaux. Elle est bien connue dans notre district et au-delà, notamment par sa grande exposition à l’Espace Arlaud à Lausanne.
Dotée d’une forte conscience écologique (elle se qualifie elle-même d’eco-plasticienne), elle veut transmettre au public son émerveillement devant le vivant et nous rendre sensibles aux menaces qui pèsent sur celui-ci. En 2024, elle a créé un collectif d’artistes dont le but est de collaborer avec des scientifiques, notamment ceux des musées d’histoire naturelle. Elle vise donc à une transdisciplinarité, manière de sensibiliser le public par divers biais.
A Syens, elle revient sur le thème de l’arbre, qui a déjà fait l’objet de plusieurs expositions précédentes, en le renouvelant à chaque fois. Pénétrant dans la Galerie du Carolin, le visiteur est aussitôt frappé par une « sculpture » d’un rouge éclatant, représentant un arbre dénudé, dépouillé de son feuillage, qui révèle ainsi mieux sa structure, comme c’est le cas en hiver. Cette œuvre est constituée de papier journal, enrobé de papier de soie peint à l’acrylique. A.-L. Saillen maîtrise d’ailleurs de nombreuses techniques, tels le pastel à l’huile et le fusain.
La plupart des autres travaux sont en deux dimensions. L’artiste procède par « séries » (à l’instar de Monet avec ses différentes vues de la cathédrale de Rouen ou ses meules de foin à Giverny). Ainsi, la série « Ils chantent », faite de fusains et de collages, montre des arbres mais aussi des animaux, car l’artiste s’est ouverte au monde animal en plus du végétal. Ses animaux ne se veulent cependant pas nécessairement réalistes, plusieurs naissent de son imagination. On voit aussi apparaître des fleurs dans ses œuvres. La série « Alessandro Scarlatti » (allusion au compositeur italien du XVIIe siècle) introduit dans les pièces des découpages provenant de partitions musicales qui ont été utilisées par des musiciens. Les feuilles des arbres y sont juste suggérées. A.-l. Saillen ne cherche donc pas à reproduire des arbres particuliers et reconnaissables (bouleau, hêtre ou olivier…).
Alors que les œuvres précitées étaient en noir-blanc, dans la deuxième salle de la Galerie, l’artiste passe à la couleur. Une œuvre met en valeur les racines, montrant par là qu’un arbre est à la fois enfoncé dans la terre et croît vers le ciel. N’est-ce pas symbolique de notre existence terrestre ? A noter que la plupart des pièces sont accompagnées de citations de poètes, Anna de Noailles, Federico Garcia Lorca, ou encore Philippe Jaccottet. « Le vrai fruit vient après la fleur », comme le dit Dante Alighieri.
Dans une autre série, A.-L. Saillen a travaillé en introduisant dans ses œuvres des timbres-poste de différents pays et continents, en rapport avec un-e poète, Anna Akhmatova pour l’ex-URSS. Elle unit représentations végétales et animales (par exemple papillon ou poisson). Remarquons encore des « sculptures » composées des restes d’un pommier de son jardin, avec ajouts de fleurs faites de différents matériaux, le but étant de mettre en valeur la beauté intrinsèque du bois.
Cette exposition offre aussi la possibilité de découvrir la sympathique petite Galerie du Carolin. Elle a trouvé sa place dans le village de Syens, peu avant d’arriver à Moudon en venant de Mézières. L’artiste vit dans le district de Lavaux-Oron, ici on est dans la Broye, mais chacun sait que l’art ne connaît pas de frontières, surtout entre districts vaudois voisins !
« Anne-Lise Saillen.
Et les arbres demain ? »
Galerie du Carolin, Syens,
du 7 au 23 novembre
Ouverture : vendredi de 17h30
à 19h30, samedi et
dimanche de 14h30 à 17h30.







