Comme un ventd’anges
Dans ce monde de grigous et de forfanteries, une chose nous ramène sur terre, la terre elle-même.
Quand l’heure de la récolte sonne, le temps n’est plus aux palabres, la nature s’offre. L’instant exact du début des vendanges n’est pas inscrit. Les sens de nos vignerons sont à fleur de peau, la science en découd avec l’intuition, le savoir-faire des anciens avec l’impatience de jeunes repreneurs innovants.
Pas de « One Shot » ici, pas d’OPA agressive non plus. Pour jeunes et jeunes éternels, il s’agit de comprendre l’évolution lente d’un fruit, de son terroir, de son climat. Il s’agit d’une écoute tendre et passionnée tout au long de l’année. Questions et doutes sur la poursuite d’un cépage ou l’autre, il s’agit de suivre la vigne, d’être à sa poursuite. Cet accompagnement est une vocation dont les tâcherons et les vignerons s’acquittent avec inquiétude, mais aussi avec un amour et une vision du millésime à venir.
Les vendanges revêtent dès lors, et très naturellement, un sens de Couronnement.
Or, l’Histoire le dit, le Couronnement n’est que le début du travail. Celui d’un long et lent processus de maturation. La nature à l’intérieur de futs, de bariques ou de tours en inox demande encore un peu plus de suivi. Le bébé n’est pas encore né.
A l’image du nouveau-né, le soin est plus que jamais requis. Avant que de le lâcher de par le vaste monde, des processus d’alchimiste sont nécessaires. La Pierre Philosophale ne sera pas dévoilée, même les enquêteurs les plus assidus s’y sont rompus le dos. Ceci d’autant plus que les secrets, les cépages et les traitements – avouables ou pas, sont multiples.
C’est ce qui fait la magie du vin, un breuvage qui reste vivant et qui plus est, est le témoin de son année de naissance. C’est peut-être aussi, ce qui rapproche par-delà les âges, l’humain du vin.
Vieux ou jeune, son corps, sa couleur, sa robe, son équilibre, charnu ou suave, sec, doux ou soyeux, il est aussi multiple que nos envies. Mais parfois, il a la gueule de bois ou le goût de bouchon… à éviter.