Pully – Le collège Arnold-Reymond se prépare à s’agrandir malgré les réticences
Conseil communal du 25 juin

Mercredi soir, les élus pulliérans ont accepté un crédit d’études de 7,25 millions de francs pour lancer la transformation du collège Arnold-Reymond. Ce projet prévoit une extension, la création d’une nouvelle salle de sport et un assainissement énergétique. Le crédit a suscité de vifs débats entre partisans d’une rigueur budgétaire et ceux qui plaident pour répondre à la hausse attendue des effectifs scolaires.
Construit dans les années 1960, l’établissement scolaire accuse le poids des années et est aujourd’hui à l’étroit. Selon les projections, le nombre d’élèves augmenterait d’environ 860 d’ici à 2030. Ce sont ces deux éléments qui ont principalement fait naître une reconfiguration complète du site à travers un mandat d’étude parallèle. Une sorte de concours d’architecture, où le lauréat, le bureau Aeby Perneger & Associés prévoit la construction de six nouvelles salles de classe, deux salles spécialisées ainsi qu’une salle de gymnastique VD3. L’ensemble du complexe sera également assaini sur le plan énergétique pour une ouverture à la rentrée 2029. Montant de l’opération : 61.7 millions.
Crédit d’étude sous tension
Ce soir, il s’agissait d’autoriser le lancement des études, qui devraient s’étendre jusqu’à fin 2026. Un crédit d’études qui n’a pas fait l’unanimité. Avant d’entrer dans les discussions, Anne Veredaz-Ferrari (Les Vert.e.s) a demandé un vote nominal. En face, des élus de droite ont appelé à un vote à bulletin secret, révélant une sorte de crispation autour de ce crédit d’étude. Au chapitre des discussions, Frédéric Anken (PLR) a exprimé ses réserves : « A Monthey, pour un collège neuf qui a coûté au total 71 millions et qui a permis d’accueillir 1100 élèves contre 860 à Pully, le crédit d’étude dépassait à peine 5 millions ».
A gauche, la riposte est immédiate : « Repousser, c’est risquer de se retrouver sans capacité d’accueil », prévient Anne Viredaz-Ferrari. Du côté du Parti socialiste, c’est Pauline Tafelmacher qui tient à préciser qu’il s’agit bien d’une extension intégrée au site, et non d’une simple annexe. Du côté de l’exécutif, la Municipalité apporte ses précisions : « Il ne s’agit pas d’une rénovation parcelle, mais bien d’une remise à neuf complète du site scolaire. L’idée de scinder le projet en deux avec l’assainissement d’un côté et l’extension de l’autre n’aurait ni sens technique ni logique budgétaire », relève Lucas Girardet. Le syndic, Gil Reichen, a rappelé les responsabilités de la commune : « Il en va de notre devoir d’assumer la scolarité des futurs élèves de Pully. »
Au terme de la discussion, le préavis a été adopté par vote nominal par 57 voix contre 22 et 6 abstentions, donnant ainsi le feu vert au projet d’étude. Le crédit d’investissement, qui se monte à 54 millions sera, quant à lui, présenté à l’automne 2026.
Comptes et gestion 2024
Outre le préavis consacré au collège Arnold-Reymond, les élus ont validé deux autres objets, sans susciter de débats prolongés. Le rapport de gestion 2024 a été approuvé à une quasi-unanimité. Il dresse un bilan des activités de la Municipalité, notamment en matière de développement durable, de mobilité et de transition numérique.
Dans la foulée, les comptes 2024 ont également été adoptés. Ils affichent une « situation financière maîtrisée », avec des recettes fiscales historiques atteignant 115 millions, une dette bancaire de 147 millions, et une dette totale de 166 millions à fin 2024. Alors que le budget prévoyait une perte de 9 millions, les comptes bouclent finalement avec un excédent de 4,3 millions de francs.
Enfin, le Conseil a pris acte de la réponse au postulat porté par Lena Yersin (Les Vert.e.s) et consorts, demandant une amélioration de la desserte en transports publics à Pully-Nord. La Municipalité annonce des études en cours et des contacts avec les TL afin d’adapter l’offre à cette zone en plein développement. Plusieurs pistes sont à l’étude, comme le renforcement de lignes existantes ou l’introduction d’une navette de rabattement, avec un suivi prévu d’ici à 2026.
Pully partenaire de la presse locale ?
En fin de séance, les élus se sont prononcés sur plusieurs interventions. A noter d’abord l’acceptation, à quasi-unanimité, d’un postulat demandant à la Municipalité d’étudier un partenariat avec l’hebdomadaire Le Courrier Lavaux-Oron, afin de renforcer les liens entre la commune et la presse locale. L’objet a été renvoyé en commission pour étude et rapport.
De son côté, la conseillère Claudia Gämperle a interpellé l’exécutif sur le niveau jugé excessif de certains honoraires d’ingénierie et d’architecture dans les préavis. « Ces montants font tiquer des élus de tous bords dès qu’on en arrive à cette ligne », a-t-elle souligné, plaidant pour une possible internalisation de certaines prestations.
Autre sujet sensible : la fermeture de la pataugeoire du Parc Guillemin, officialisée par la Municipalité le 23 mai dernier. Selon sa communication, cette décision découle du refus du Conseil communal de rénover la place de jeux, « rendant ce dernier responsable de cette décision ». Dans son interpellation, Bertrand Yersin (UDC) questionne le manque d’alternative pour sauver ce lieu auquel la population est attachée : « Pourquoi la direction de l’urbanisme n’a-t-elle pas présenté un nouveau préavis, alors même que le Conseil avait exprimé son attachement au parc et que la population s’est manifestée ? » Le texte de l’élu mentionne des éléments contradictoires venant de la Municipalité : « Le 21 juin (…), le municipal Lucas Girardet annonçait au TJ de la RTS que la pataugeoire était définitivement fermée en raison des nouvelles normes de sécurité sanitaire, et en raison du refus du Conseil communal ». Enfin, l’élu UDC cite un courrier des lecteurs publié dans 24Heures, accusant les rangs de la droite d’être responsables de la fermeture pour n’avoir proposé « aucune alternative » à la Municipalité. Une affirmation que Bertrand Yersin remet en cause : Pourquoi la Direction de l’urbanisme et de l’environnement (DUE) n’a-t-elle pas profité de cette nouvelle ressource, pourtant au budget 2025, pour préparer un nouveau préavis et le soumettre au Conseil communal rapidement ?
Une page se tourne à la présidence du Conseil
La séance s’est achevée sur une note plus personnelle avec le départ de Frédéric Bründler de la présidence du Conseil communal. Plusieurs élus, ainsi que le syndic Gil Reichen, ont salué la passion et le professionnalisme avec lesquels l’élu de l’Union Pulliéranne a exercé sa fonction. Ce dernier a partagé quelques anecdotes, rappelant notamment que Frédéric Bründler assistait déjà, en tant que public, aux séances du Conseil communal de Lausanne… à l’âge de 13 ans. Une vocation précoce qui illustre son engagement politique constant. Il passe désormais le relais à Patrick Dubois, qui assurera la présidence jusqu’au 30 juin 2026.