C’est à lire
Trois livres à emporter en vacances cet été
Thibaud Mivelaz, Jonas Montenero et Titouan Menétrey pour le Club de lecture d’Oron | Comme l’an dernier, le Club de lecture d’Oron vous propose trois suggestions de lecture pour accompagner vos moments de détente estivale.

Le Beurre de Manako
Dans ce roman, l’autrice japonaise Asako Yuzuki mêle habilement gastronomie, féminisme et intrigue policière : et le mélange fonctionne très bien ! Inspirée d’un fait divers réel, l’histoire suit une jeune journaliste tokyoïte qui arrive à interviewer Manako, une femme incarcérée en attente de jugement. Cette dernière est soupçonnée d’avoir assassiné plusieurs de ses amants après les avoir charmés grâce à ses talents culinaires. Pour que les entretiens se poursuivent, la journaliste doit se plier aux exigences culinaires de la détenue et reproduire ses recettes. Une relation ambigüe et troublante se tisse alors entre les deux personnages, et c’est par la cuisine, au fil des plats et des confidences, que l’enquête progresse.
Le livre a été traduit en plusieurs langues et a notamment fait beaucoup de bruit en Angleterre où il a même été nommé « Livre de l’année 2024 » par la prestigieuse chaine de librairies Waterstones.

L’Ecume des jours
Entre autres, quoi de mieux, pour passer cet été, qu’un peu d’amour ? L’Ecume des jours, de Boris Vian, en est plein, quoique d’un amour triste et déchiré. Dans le roman, en effet, le jeune Colin veut aimer. A la fête d’anniversaire du caniche Dupont, miracle ! il rencontre Chloé, et tous deux tombent amoureux. Or, Chloé est malade : elle a des nénuphars dans les poumons, qui lui causent d’affreuses souffrances. Débute alors, pour Colin, une course au remède dans une histoire presque féerique où l’espace est malléable, les objets se métamorphosent, le monde entier s’anime de vie, et puis de mort. A mesure que l’état de Chloé se dégrade, et de Colin aussi, l’environnement dans lequel évolue les protagonistes rapetisse, prend l’eau, se dégrade pareillement. Avec ce roman, Boris Vian fustige les vanités mondaines, les amitiés hypocrites, les inégalités sociales, dans un univers qui semble, à chaque page tournée, en payer toujours plus les frais.

L’Usage du monde
Enfin, comme l’été peut se prêter au voyage, L’Usage du monde (1963), célèbre texte de Nicolas Bouvier, paraît incontournable. Ex-Yougoslavie, Turquie, Iran, Afghanistan, Pakistan : l’auteur raconte les lieux et les routes qu’il traverse, insufflant au lecteur la valeur de l’altérité et la puissance du voyage. Pour tout-un-chacun, le texte rappelle que l’ailleurs n’est pas toujours hostile ; il invite à voir le monde autrement. Au travers des portraits et des rencontres, au travers des descriptions des lieux qu’il s’agit de faire sentir et ressentir, au travers du chemin souvent long et périlleux, Bouvier s’attache à montrer la différence, différence qui n’empêche que rarement la fraternité et qui devient alors partage et richesse. Si l’ouvrage contient parfois quelques longueurs, elles ne font que suivre le rythme de la route, se dissipant dans l’émerveillement et la surprise face à l’inconnu et l’inattendu.