Passation à la préfecture de Lavaux-Oron
Portrait du sortant Daniel Flotron

Il avait commencé la politique pour pouvoir jouer de la trompette. Il la quitte après avoir dirigé pendant neuf ans la préfecture du district Lavaux-Oron. A 65 ans, Daniel Flotron s’apprête à partir à la retraite avec la même simplicité qu’il a conservée tout au long de son parcours.
Quand on lui parle de son engagement public, Daniel Flotron remonte à ses 21 ans. A l’époque, ce n’est pas une ambition politique qui l’anime, mais une passion musicale. « Mon chef de fanfare militaire m’a proposé de jouer à l’Harmonie lausannoise. Au début des années 80, on demandait encore l’autorisation à ses parents, même si l’on était majeur. Mon père a accepté… à condition que je m’engage au Conseil communal ». C’est ainsi que débute, en 1982, un long chemin entre euphonium et délibérations. Après seize ans de Conseil communal, il devient municipal, puis syndic à Forel (Lavaux), avant d’accéder à la préfecture du district Lavaux-Oron en 2016.
« Ce poste, je l’ai beaucoup réfléchi… pendant trois nuits »
C’est en 2015 que l’idée de reprendre la préfecture émerge. Il hésite : « J’ai fait une liste des plus et des moins. J’en ai parlé avec ma femme et mes enfants. Ils m’ont soutenu, m’ont aidé à faire mon premier CV de toute ma vie », rigole le futur retraité. Malgré la croyance répandue qu’il faut un bagage juridique pour occuper cette fonction, Daniel Flotron entre en fonction le 2 mai 2016, à 8h précises. « Il y a une émotion, bien sûr. Mais très vite, les téléphones sonnent. On est tout de suite dans le bain ». Rapidement, il s’impose un style, ou plutôt une discipline de travail : « Je commence mes journées vers 6h. Le matin, on a les idées claires. Et cela permet de bien organiser la suite. »
Durant neuf années, Daniel Flotron aura été cet homme de lien entre les communes, les citoyens et l’Etat. « Ce rôle d’intermédiaire, je l’ai beaucoup apprécié. Il faut savoir adapter son langage à ses interlocuteurs, que ce soit un syndic, un président de conseil ou un groupe d’élèves. Et surtout, être à l’écoute. » C’est là sa plus grande fierté. « Avoir pu aider des gens, résoudre des conflits dans le droit du bail, dialoguer avec les communes. Même dans les situations complexes, on cherche toujours à construire. C’est l’une des richesses de ce métier ». Lorsque l’on demande au futur ex-préfet ce qui a le plus changé dans la région, il cite sans hésiter les fusions de communes : « Elles ont permis de créer un vrai lien entre le haut et le bas. Avec le recul, on se rend compte que les intérêts sont les mêmes dans tout le district. »
« Je n’ai jamais eu de nuit blanche, grâce à mon armoire imaginaire »
Avec un sourire, il partage sa méthode pour garder la tête froide. « Depuis longtemps, je m’imagine une grande armoire mentale. Chaque dossier est un tiroir que j’ouvre dans la journée. Le soir, je les ferme tous. Cela m’a toujours aidé à dormir sereinement ». La musique et la nature l’aident aussi à garder l’équilibre : « L’une me donne une rigueur intérieure, l’autre m’offre du recul ». Et l’humour ? Il en fait aussi un outil de travail, à manier avec précaution. « Parfois, une touche d’humour dans une audience tendue permet de détendre l’atmosphère. Mais il faut sentir le bon moment, l’utiliser avec tact. »
Des anecdotes, il en a des dizaines. La première qui lui vient en tête est relativement récente. Il évoque le naufrage du bateau Simplon, « Un choc symbolique, heureusement sans victime humaine ». Etre préfet, c’est aussi beaucoup de rencontres. « Ce métier, c’est une suite d’histoires humaines. »
Ce qui change maintenant
L’idée de quitter ses fonctions ne l’effraie pas. « Je n’ai pas d’appréhension. Mais c’est vrai que fêter mes 65 ans m’a fait quelque chose. C’est la première fois que je me suis senti ‘catégorisé’ ». La suite ? Elle s’annonce active. « Je vais aider Nico à la ferme, continuer à faire de la musique dans plusieurs Brass band, bricoler… et commencer le plus beau métier du monde : être grand-papa. »