Diplomatie
La petite histoire des mots par Georges Pop
En dépit des appels pressants, sincères ou non, venus de toutes parts pour trouver une issue pacifique aux conflits qui agitent le monde par la négociation, la « diplomatie » est aujourd’hui en échec. Les négociations sont restées sans lendemain pour mettre fin à la guerre qui oppose la Russie à l’Ukraine. Elles sont restées vaines aussi pour empêcher celle entre Israël et l’Iran des mollahs, ou encore pour arrêter les combats entre l’Etat hébreux et les terroristes du Hamas, au prix d’affligeantes pertes civiles.
La « diplomatie » se définit par l’art ou la pratique de conduire les relations internationales, surtout par la négociation, la représentation et la conduite de relations, notamment entre Etats, dans le but de promouvoir les intérêts nationaux et maintenir la paix. La parenté entre les mots « diplomatie », « diplomate » – qui désigne une personne chargée de représenter son pays – et « diplôme » – qui définit un document officiel établissant un droit, un titre ou une compétence – n’aura sans doute échappé à personne.
A l’origine de tous ces mots, on trouve le grec « díplōma » qui veut dire « plié en deux », et qui, par extension, désignait une tablette ou un document plié en deux. Ce terme a ensuite été adopté par les Romains, en latin, sous la forme « diploma », pour qualifier les documents officiels pliés en deux, remis, par exemple, à ceux qui acquéraient la citoyenneté romaine, ainsi qu’aux lettres de créance confiées aux messagers ou aux ambassadeurs pour certifier leur charge et recevoir toute assistance.
En français, on trouve le mot « diplomat » dès le XVIIe siècle pour désigner un décret, puis une charte. Deux siècles plus tard, il prendra aussi le sens de « pièce officielle conférant un titre ou un grade », sous la forme que nous lui connaissons. Les termes « diplomatie » et « diplomate » se sont imposés à la même époque, dans leur sens contemporain, dérivé de « diplomatique » qui qualifiait initialement la science de l’étude des diplômes et des documents anciens.
Les plus gourmands de nos lecteurs auront sans doute remarqué que le mot « diplomate » désigne aussi une pâtisserie composée généralement de pain brioché, de fruits secs, de rhum et de crème anglaise. Selon la version la plus généralement admise, sa recette fut inventée par le célèbre chef Antonin Carême, en 1815. Ce grand cuisinier avait accompagné le diplomate Talleyrand à Vienne où les grandes puissances redessinaient la carte de l’Europe après la défaite de Napoléon à Waterloo. Talleyrand, négociateur et prince d’Empire français devait sauvegarder les intérêts de la France. Il pensait à juste titre qu’un bon repas et un bon dessert pouvaient amadouer et « ramollir » quelque peu l’intransigeance de ses interlocuteurs les plus inflexibles.
Cette histoire montre à quel point la cuisine a pu, parfois, jouer un rôle clé dans l’Histoire en réconciliant des rivaux, voire des ennemis, autour d’un bon repas. C’est ce qui s’appelle « la diplomatie du ventre »…