SPECIAL 75 ANS
Modèle repensé pour éviter la disparition

Comme beaucoup de titres régionaux, Le Courrier Lavaux-Oron a traversé des années délicates : croissance grandissante des médias gratuits, trop plein d’informations, fake news, revenus publicitaires réduits, etc. Pour éviter la fermeture du titre, son fonctionnement a été réinventé.
En 2009, la viabilité même du journal a été sérieusement menacée. Pour survivre, une solution peu courante a été mise en place : un partenariat étroit avec les communes.
Vers un modèle hybride de financement
Jusqu’en 2014, certaines communes publiaient leur propre bulletin municipal, un outil précieux, mais à diffusion limitée et souvent onéreuse. Sous l’impulsion de plusieurs communes, Le Courrier propose alors d’intégrer ces suppléments à ses éditions hebdomadaires. « Ces journaux locaux ont bénéficié d’une audience élargie et ont vu leur distribution multipliée », détaille Olivier Campiche, responsable des Editions Lavaux-Oron. En miroir, Le Courrier a ancré sa légitimité et sécurisé un financement récurrent, car des communes se sont engagées financièrement pour obtenir ce relais de leurs communications.
Aujourd’hui, les communes de Belmont-sur-Lausanne, Bourg-en-Lavaux, Lutry et Forel (Lavaux) publient régulièrement leurs informations dans des pages spéciales intégrées à l’hebdomadaire. Pour Olivier Campiche, ce modèle offre un double avantage : « Il maintient l’autonomie éditoriale du journal en lui assurant des revenus stables ». Le rythme des pages dites communales varie d’une commune à l’autre.
Aide à la presse, soutien inégal ?
La question du soutien public aux médias locaux reste cruciale dans le canton de Vaud. Face aux difficultés économiques des petits titres indépendants, le Conseil d’Etat a mis en place une aide directe à la presse durant la pandémie (2021), en plaçant des annonces dans les journaux locaux. Appui qui a été reconduit en 2023. Cette aide vise à maintenir un tissu médiatique diversifié, en soutenant les journaux qui remplissent une mission d’information locale, avec une attention particulière aux titres imprimés.
Si cette politique vaudoise a été saluée, elle ne suffit pas à enrayer la fragilité de tout un pan de la presse de proximité. Ici comme hors des frontières du canton.
Une alerte pour l’avenir
A l’heure où les citoyens s’informent de plus en plus en ligne, où les algorithmes filtrent les contenus, la disparition d’un média local signifie bien plus que la fin d’un journal: c’est la perte d’un acteur de terrain, d’une voix enracinée dans la réalité des habitants, d’un lien direct entre population et vie publique, qui plus est, nourrit les réseaux sociaux en informations, avec les partages et les « likes » qui vont avec.
Paroles de politiques
Que représente le Courrier pour la commune ?
« Pour moi c’est une excellente courroie de distribution entre le haut et le bas du district, cela permet de s’informer sur l’ensemble du district et constitue la curiosité et la cohésion de notre district ».
Daniel Sonnay, Municipal à Oron
« Un excellent moyen de communication pour faire connaître les activités de toute la région. Une vitrine essentielle et cela serait une grande perte en cas d’arrêt ».
Olivier Sonnay, Syndic d’Oron
« La ligne éditoriale s’étoffe de semaine en semaine. Le journal tisse un lien entre le monde rural et le monde urbain. Mais je pense que ce lien pourrait être encore plus fort ».
Etienne Blanc, Municipal à Lutry
« Le journal est un moyen efficace de transmettre de l’information locale aux citoyens. Grâce aux pages officielles, il représente un canal de communication important et apporte une véritable plus-value à la commune ».
Jean-Yves Cavin, Municipal à Bourg-en-Lavaux
« Pour moi, j’ai toujours été favorable au partenariat entre la commune et le journal. Car ce média est un vrai lien entre le haut et le bas du district, une région où les gens se rencontrent peu et cela permet de communiquer sur une large dimension ».
Jean-Pierre Haenni, Syndic de Bourg-en-Lavaux
« C’est un vecteur d’information essentiel pour notre population. La presse à grand tirage a peu à peu délaissé l’actualité locale, et Le Courrier fait partie des rares journaux qui n’hésitent pas à relayer aussi les bonnes nouvelles ».
Charles Monod, Syndic de Lutry
« Avant le partenariat lancé en 2014, nous avions notre propre journal communal. Depuis, il est intégré au Courrier, ce qui permet une diffusion plus large de nos informations. Au-delà de cet aspect pratique, ce partenariat soutient aussi les entreprises locales et contribue au maintien d’emplois dans la région ».
Jean-Pierre Haenni, Syndic de Bourg-en-Lavaux
Les moins du journal ?
« C’est dommage que les bureaux ne soient plus à Oron, mais à Forel ».
Daniel Sonnay, Municipal à Oron
« En termes d’amélioration, certains sujets, pourtant d’importance communale voir au-delà des frontières d’Oron ne sont pas traités. Une meilleure communication entre la rédaction et les autorités communales pourraient résoudre ce genre d’oublis ».
Daniel Sonnay, Municipal à Oron
« Ce que je trouve plus délicat, ce sont les comptes rendus des conseils communaux. C’est un exercice qui demande une vraie impartialité, car ce n’est pas forcément celui qui parle le plus fort qu’il faut citer dans un article ».
Charles Monod, Syndic de Lutry
Paroles d’annonceurs
Payer pour de la pub dans un journal local, est-ce complétement obsolète à l’heure des réseaux sociaux ?
« Je ne pense pas que cela soit obsolète car cela permet d’atteindre une clientèle plus familiale et régionale. C’est également un soutien à la presse locale ».
Cyril Saudan, paysagiste à Jongny
« Non, je dirais même que le retour est souvent meilleur que sur les réseaux sociaux. Derrière les clics en ligne, il n’y a pas toujours de réel engagement ».
Matthieu Berdoz,administrateur chez Berdoz Electroménager à Pully
« Ce que j’ai remarqué, c’est que plus on publie de publicité, plus nous avons de retour ».
Bertrand Nicod, directeur chez Synergimmo SA
« Pas du tout ! Les réseaux sociaux ont bien sûr pris une place énorme dans la communication, mais un journal local comme Le Courrier reste un support précieux, surtout pour toucher une clientèle de proximité ».
Julia Studer, Center & Marketing Manager, Centres Manor
Les inconvénients de cette pub ?
« Les inconvénients, c’est que des changements de couleur peuvent paraître entre la version numérique et la version finale imprimées ».
Bertrand Nicod, directeur chez Synergimmo SA
« Le principal inconvénient est sans doute qu’on ne peut pas mesurer l’impact aussi facilement que sur le digital. Sur les réseaux, on a des chiffres précis (clics, vues, etc.). Dans un journal papier, l’impact est plus diffus. Il faut l’accepter comme un travail d’image et de notoriété sur le long terme ».
Julia Studer, Center & Marketing Manager, Centres Manor
Quels sont les retours de vos clients ?
« Après la parution d’un publireportage, nous avons eu plusieurs réactions positives. Mais comme pour toute forme de publicité, il est difficile d’en mesurer précisément l’impact ».
Cyril Saudan, paysagiste à Jongny
« Nous avons régulièrement des personnes qui nous disent avoir découvert un produit grâce à un article. Il n’est pas évident de quantifier l’impact direct, mais lors d’actions spécifiques comme les tout-ménages ou les concours, on observe clairement des retours ».
Matthieu Berdoz, administrateur chez Berdoz Electroménager à Pully
« Après la publication de notre publireportage, nous avons des contacts concrets de personnes intéressées ».
Bertrand Nicod, directeur chez Synergimmo SA