Deux époques, deux styles pour une même histoire

Pour raconter la naissance de notre journal, nous avons choisi un petit jeu d’écriture : présenter deux textes parallèles qui relatent les mêmes faits, mais avec deux voix bien différentes.

D’abord, retour dans le style des années 1950, qui s’inspire du ton solennel, appliqué et un peu cérémonieux des articles d’époque. On y retrouve les tournures précieuses, les formules de politesse, la chaleur du papier, l’importance accordée à la mission communautaire. C’est un style où chaque mot semble pesé et où la presse locale se présente comme une institution au service du lien social.

Puis, juste à côté, une version plus actuelle, au ton direct, synthétique, dans une langue plus familière avec notre époque. Ici, on va à l’essentiel, on contextualise, on relie les faits à notre regard d’aujourd’hui. Moins de formules, plus de rythme, mais une même envie: rappeler d’où l’on vient.

Mettre ces deux styles en regard, c’est aussi rendre hommage au métier. La manière d’écrire change, mais le besoin de proximité, d’utilité et de lien avec les lecteurs, lui, reste intact.

Editorial

Parler de soi n’est jamais simple. Cela peut sembler un brin nombriliste, voire malvenu, à l’heure où tant d’enjeux agitent notre monde. Et pourtant, prendre le temps de raconter l’histoire d’un journal local, c’est aussi une manière de parler de vous, de nous, de cette région qui évolue, elle aussi, entre traditions et mutations.

Ce cahier spécial ne célèbre pas seulement une date. Il rend hommage à un ancrage, à un lien de proximité devenu plus précieux que jamais dans une époque où l’information circule vite, se fragmente, se complexifie. Plus que de regarder dans le rétroviseur, nous avons voulu interroger notre rôle d’aujourd’hui : que signifie encore faire un journal local en 2025 ? Pourquoi continuer ? Pour qui ?

Ce retour sur 75 ans d’existence est donc plus un pas de côté qu’une célébration. Pour mieux vous retrouver, et peut-être mieux vous raconter. A hauteur de village. A hauteur d’humain.

Version 1950

C’est avec un profond sentiment de reconnaissance et d’enthousiasme que nous avons l’honneur de faire paraître, en ce jeudi 7 décembre 1950, le tout premier numéro du Courrier de la Broye et du Jorat. Modeste feuille hebdomadaire née du labeur opiniâtre de quelques volontés dévouées, notre journal ambitionne de devenir le reflet fidèle de la vie de nos villages, de nos campagnes, de nos artisans et de nos sociétés locales.

A l’heure où le monde se transforme à vive allure, où le progrès frappe à nos portes, il nous semble essentiel de préserver les liens qui unissent nos communautés, de faire entendre la voix simple et digne de notre région. Ce Courrier se veut le relais de l’utile et du vrai, le témoin des bonheurs partagés comme des épreuves surmontées.

Qu’il soit un trait d’union entre nos communes, une chronique de l’ordinaire empreinte de chaleur humaine, un fidèle compagnon pour celles et ceux qui, chaque jour, font vivre notre coin de pays. Nous le confions à vos mains, chers lecteurs, avec l’espoir sincère qu’il trouve place au cœur de
vos foyers, à côté du fourneau ou sur le coin d’une table, là où l’on cause, lit et partage.

Version contemporaine

Le 7 décembre 1950, à Oron-la-Ville, un jeune imprimeur de 24 ans décide de créer un journal local. Il s’appelle Paul Campiche et son ambition est claire : donner une voix à la région, relayer les informations du terrain, soutenir les commerçants, les sociétés locales, les familles. 

Le Courrier de la Broye et du Jorat voit le jour dans une imprimerie modeste, avec des moyens limités mais une volonté forte: rapprocher les habitants de leur actualité.

Ce petit journal, né dans une Suisse rurale encore très cloisonnée, remplit un vide. Il devient rapidement une référence régionale, enchaînant reportages sur les conseils communaux, échos d’apéritifs de sociétés, carnets de famille et annonces de fêtes villageoises. 

Aujourd’hui, devenu Le Courrier Lavaux-Oron, le journal poursuit la même mission: informer avec proximité, accompagner les communes et faire entendre la voix de leurs citoyens. Une histoire qui dure depuis 75 ans.