O tempora o mores
Les acquis n’ont pas comme qualité intrinsèque la pérennité. La stabilité n’est pas non plus une des caractéristiques marquantes du mode de vie de l’humain.
Il n’en va pas de même en Suisse qui revendique plus de 700 ans de paix. Une paix qui ne séduit plus et qui a même fait dire à un humoriste que si le résultat des tant de siècles de tranquillité aboutissait à créer des montres qui faisaient « coucou » cela n’en valait pas la peine. Certes, mais à quel prix les montres ?…
La stabilité a tout de même influencé l’installation des plus grandes organisations mondiales à Genève, des plus grandes banques à Zurich et des organisations olympiques à Lausanne.
Or, ce dimanche soir 1er juin, la numéro deux de l’organisation mondiale de la santé, Sylvie Briand, annonce la possibilité d’une délocalisation de l’OMS. Un pavé dans la mare de la Genève internationale, qui certes en a vu d’autres, mais qui pourrait annoncer un désengagement plus général. Avec des conséquences désastreuses à tout niveau pour le canton du bout du lac.
A Zurich, le système bancaire essaie de se redéfinir et de se légitimer en cherchant les nouveaux leviers de cet univers renaissant, dans un pays devenu trop faible et exigu.
La Ville olympique pense échapper à ces tracas venus de l’étranger mais les signes s’affichent plus fort depuis que Paris avait suggéré de laisser les anneaux olympiques à demeure sur la tour Eiffel. Le CIO a résisté en élisant Kirsty Coventry comme présidente au 1er tour, une première. La Ville de Lausanne, qui regorge de grands événements sportifs et de lieux inspirateurs ne montre pourtant pas un soutien indéfectible à son image sportive…
Rien n’est inscrit dans le marbre, l’habitude a effacé les ardeurs des batailles passées qui ont mené à ce qu’on pensait être des acquis. La stabilité dans nos démocraties a émoussé notre compréhension de la nature humaine. Nous sommes devenus contemplatifs, prudents et muets devant le train qui défile sous nos yeux. A peine levons-nous une main pour faire coucou… à l’heure où l’Etna se réveille !