BAL TRAGIQUE A BUSSIGNY – 1 MORT
Un petit tour et puis s’en vont. La semaine dernière, les rotatives Tamedia du CIL de Bussigny tournaient encore une dernière fois avant de se taire définitivement. Cette puissante machinerie établie sur plusieurs étages, ressemblait certes à un monstre tentaculaire, mais n’en était pas moins d’une précision à faire pâlir les tourbillons de nos horlogers de La Chaux-de-Fonds. Le plus grand centre d’impression de Romandie est mort.
En 1970, Harakiri, le journal satirique français, ti(t)rait sa dernière cartouche sur la mort du Général de Gaulle, singeant la presse d’alors qui avait attribué à un « coup du destin » le bal qui avait vu la mort tragique de 146 personnes dans un incendie de boîte de nuit. Le satirique dénonçait avec sa UNE et son article l’absence criante de conditions de sécurité dans l’établissement. Usant de cette même légèreté, mais sur un sujet régalien, le journal fut interdit. L’esprit de la rédaction survécu à la censure et donna naissance à Charlie Hebdo, mais c’est une autre histoire.
Les bals, Tamedia sait les organiser. De manière toute aussi centraliste que la France parisienne de l’époque. Ce sont de « petits » bals zurichois. Ecrémage ou dégraissage, rien de tragique, tout au plus la venue d’une CEO zurichoise hors sol mandatée pour expliquer les dures lois du marché, avec douceur…
1 mort, la presse romande. 1 mort, l’Editeur romand. 1 mort, l’imprimerie.
Des savoir-faire qui s’en vont, des métiers perdus, des passions et des envies qui ne savent plus vers quoi se tourner, et la tristesse de constater que l’âme de grands financiers et d’éditeurs visionnaires a, elle aussi, disparu.
Souvenons-nous des typographes et des rotativistes, des conducteurs qui qualifiaient l’encre à l’odorat. Surtout, rappelons-nous des grands patrons de presse en espérant que la Romandie aura la fierté de voir naitre un Challenger pour défier Leurs Excellences d’outre Sarine et reprendre un flambeau bien vivant.