Prise de température avec la fin des mesures sanitaires
Un petit vent d’optimisme chez les restaurateurs et les commerçants

Georges Pop | « Soulagement » et « satisfaction » sont les deux mots qui reviennent le plus souvent dans la bouche des restaurateurs et des commerçants de notre région, après la décision du Conseil fédéral de lever presque toutes les mesures sanitaires. A en croire notre petite prise de température, qui ne se veut en aucun cas exhaustive, les premiers espèrent bien oublier au plus vite les jours, parfois accablants, endurés pendant la pandémie; les seconds se réjouissent d’avoir pu se débarrasser des pesantes contraintes liées à l’accueil de leurs clients. Tous affichent un sourire apaisé, même si certains se montrent encore prudents.

Le chef franco-suisse Fabrice Hochart se définit comme un libre-penseur qui cuisine selon ses goûts et ses envies. Il n’a vraiment pas eu de chance : après avoir tenu un restaurant à Lausanne, il a repris l’auberge de l’Union, à Palézieux-Gare, au plus mauvais moment, au début de 2020, juste avant l’éruption pandémique. « Ces deux dernières années ont été particulièrement difficiles. Alors aujourd’hui, je ne vais pas parler de « libération » car nous n’étions pas en guerre, mais c’est un réel soulagement », déclare-t-il.
Ce disciple du bien-manger raconte : « Au lendemain de la levée des restrictions, je suis allé faire des courses chez l’un de mes fournisseurs. Quel plaisir de se rencontrer sans masque et de redécouvrir le sourire et la joie de tous ceux que j’ai croisés ». Côté restaurant, vous sentez la reprise ? « Bien sûr ! Des clients, que nous n’avions plus revus depuis un moment, reviennent. Le personnel se sent aussi plus léger. On va enfin pouvoir travailler sans la pression de ces astreintes » !
Même joyeux son de cloche à Oron-la-Ville, au restaurant-pizzeria de l’Hôtel-de-Ville, apprécié pour son grand choix de plats régionaux italiens. Il y a quelques mois, pourtant connu pour sa bonne humeur et ses truculentes impatiences méridionales, le chef Fernando Riccio ne cachait pas son découragement. Il pestait même contre les mesures qui avaient éloigné passablement d’habitués de son établissement, avec les pertes financières que cela suppose. Depuis la semaine dernière, il a retrouvé le goût de la plaisanterie : « Certains clients qui ne venaient plus m’ont dit qu’ils avaient profité de la pandémie pour apprendre à cuisiner chez eux. Ils m’ont annoncé n’avoir plus besoin de moi, mais ils étaient quand même de retour (rires). »
Non loin de là, le salon de coiffure de Claude Gremaud a retrouvé son agencement d’avant la crise. « Pendant la pandémie, nous avons dû supprimer quatre de nos onze places de travail, afin de respecter les distances. Nous avons pu les réinstaller », indique le maître des lieux. Les finances du salon ont-elles souffert ? « Evidemment ! Nous avons perdu 20% de notre chiffre d’affaires. Mais le lendemain de l’annonce du Conseil fédéral, nous avons fait le plein de clients, même si le samedi a été un peu plus calme ». Conformément aux directives de la faitière des coiffeurs, le personnel du salon va encore porter le masque, par précaution, pendant deux ou trois semaines. « Mais mes plus jeunes employés s’en sont déjà débarrassés », confesse Claude Gremaud, avec un petit air amusé.
« Nous avons tout de suite arraché les affiches et enlevé les masques », rapporte pour sa part Nathalie Buro qui, avec son époux Stéphane, tient l’auberge du Cheval Blanc à Peney-le-Jorat. Elle ajoute : « Nous espérions un peu plus de clients pour ce retour à la normale. Mais les réservations commencent à arriver. Nous avons bon espoir ».
Propriétaire des magasins Migros Partenaire de Mézières et Puidoux, Ramiz Orani affiche, quant à lui, un sourire radieux : « Le secteur de l’alimentation n’a pas souffert de la crise. Mais le port du masque, le respect des distances, et les autres contraintes ont épuisé notre personnel. Aujourd’hui, nous redécouvrons le sourire de nos clients dont certains sont des amis de longue date. C’est une joie ! », souligne-t-il.
Ce sentiment de délivrance est partagé par l’aimable personnel de la station Avia à Puidoux, dont le shop et le bar n’ont jamais désempli durant la crise. Le lendemain de l’annonce, les caisses ont été débarrassées de leur vitrage en plexiglas, à la satisfaction unanime des nombreux habitués. « C’était pénible pour les clients de se faire systématiquement contrôler le passe sanitaire pour boire un café assis. Comme eux, nous sommes plus détendus. Beaucoup nous ont manifesté leur satisfaction », nous a assuré, avec bonne humeur, l’une des vendeuses.
Un ravissement partagé par Dominique, la directrice du centre de fitness Lets’Go, à La Croix sur Lutry, qui constate, elle aussi avec « soulagement », un retour de cette partie de la clientèle qui avait déserté son établissement. « Tout le monde est content. Mais certains clients continuent à porter le masque. Ils veulent être sûrs que la pandémie est bien derrière nous; ce que j’espère vraiment, moi aussi », confie-t-elle. Son optimisme prudent est manifestement partagé par une grande partie de la population.

son agencement d’avant la crise, à la plus grande satisfaction de son patron

