Images d’antan – L’art de construire des meules de bois
Gérard Bourquenoud | Durant et même après la seconde guerre mondiale, il fallait parcourir la campagne pour découvrir ces magnifiques meules bois devant les fermes, comme ici à Bouloz, dans le district fribourgeois de la Veveyse. Bon nombre de petits paysans, comme mon père d’ailleurs, récoltaient le bois de feu abandonné dans la forêt. Ils n’étaient pas outillés comme aujourd’hui, donc ils étaient contraints de scier les grosses branches et troncs d’arbres avec une longue scie passe-partout appelée aussi scie harpon, maniée à la force des bras de deux hommes costauds. Un travail pénible qui n’était pas à la portée de tout un chacun, comme d’ailleurs le chargement de ce matériau sur un char à échelle ou un tombereau. Et le transport n’était pas facile, non plus.
Arrivé à la ferme, il fallait le scier à nouveau pour obtenir des bûches plus courtes et le couper à la grandeur souhaité pour construire ces meules qui était presque un travail d’orfèvre et qui exigeait du temps. Il en fallait des coups de hache pour entasser des milliers de morceaux de bois. Après avoir été lavé par la pluie durant une saison et séché au soleil estival, ce combustible précieux était utilisé pour chauffer le poêle, le potager, le four à pain, les romaines et la couleuse à laver le linge. Les agriculteurs de l’époque réalisaient ainsi une importante économie sur le chauffage et le mazout, grâce à ce bois qui, sans leur initiative, aurait probablement pourri dans la nature.