Lavaux-sur-New York –
Deux vignerons de Lavaux font le voyage de l’OVV en Amérique
Monique Misiego | On peut déguster des vins vaudois à New York! Certains vins vaudois étaient déjà présents sur le sol américain depuis les années 80. Mais cela représentait des petites quantités, quasi-confidentielles, dans certains restaurants. Il faut savoir qu’il est très difficile d’importer des vins étrangers aux Etats-Unis, car les producteurs étrangers ne peuvent pas vendre en direct. Les démarches administratives sont très longues et compliquées. Ils doivent passer par des importateurs qui deviennent à leur tour les distributeurs de nos produits.


L’Office des vins vaudois fait la promotion des vins vaudois une fois par année à l’étranger pour souligner la qualité du vin de notre région et conquérir de nouveaux acheteurs. New York a été choisie, cette année, parce que c’est une grande ville, qui représente un potentiel de vente important. L’évènement mis en place pour la promotion des vins vaudois fut un succès grâce notamment au réseau de l’Ecole hôtelière de Lausanne. L’ambassadeur en place, de nombreux journalistes invités, un lieu d’exception, le meilleur restaurant du monde «Le Bernardin», à Manhattan, dont le chef Eric Ripert, trois étoiles au guide Michelin fut intronisé commandeur des vins vaudois, et le succès était au rendez-vous. Quatre vignerons ont été choisis par l’OVV parmi ceux déjà implantés pour participer à cette promotion dont deux de Lavaux, le Domaine Chaudet à Rivaz et Terres de Lavaux à Lutry. Le projet a débuté il y a 18 mois pour nos deux interlocuteurs locaux avec plusieurs voyages et l’engagement d’un responsable sur place. Ils espèrent écouler une partie non négligeable de leur production par ce biais car le vignoble de Lavaux est connu à New York grâce à plusieurs articles de presse qui l’ont vanté. Ce projet s’ouvrira aux autres vignerons vaudois à plus ou moins long terme prochainement. Le potentiel est énorme. En s’implantant dans ce marché, si la mayonnaise prend, ils devront faire appel aux autres vignerons suisses pour arriver à fournir suffisamment. Il n’y a pas de concurrence entre les vignerons.
Les deux vignerons locaux, choisis par l’OVV pour cette manifestation new-yorkaise
Président de Terres de Lavaux, Jean-Charles Estoppey, médecin et vigneron, a repris le domaine de ses beaux-parents il y a de nombreuses années en parallèle avec son activité de médecin de famille. Débordé, il avait réduit son activité de médecin en prenant une associée pour son cabinet. Cela fait maintenant quatre mois qu’il se consacre entièrement à son activité de vigneron. Il a fait de nombreuses conférences sur le vin et la santé, et écrit régulièrement des articles sur ce sujet. Titouan Briaux, lui, travaille sur le domaine familial Chaudet repris par sa mère qui vient de prendre sa retraite il y a deux mois. Titouan Briaux est donc un jeune patron, mais pas sans expérience grâce à sa formation à Changins notamment. Sa jeunesse apporte de la fraîcheur, de nouvelles idées et de l’enthousiasme.
Que pensent-ils des «raisins de la colère», ce groupe de vignerons qui est allé manifester à Berne?
Titouan Briaux pense qu’il est bien que les politiques soient avisés de la situation mais que c’est en premier aux vignerons eux-mêmes, qui restent des entrepreneurs, de trouver des solutions et de prendre les choses en main pour trouver d’autres alternatives. Jean-Charles Estoppey pense, quant à lui, qu’il faut mettre en place des projets pour promouvoir les vins à l’étranger et ainsi améliorer l’image et la notoriété des vins suisses. Les Suisses sont conscients de la qualité de leur vin mais on ne peut pas les contraindre à ne boire que du vin suisse. Il faut toutefois leur redonner envie de boire les vins locaux. Il trouve aussi utile d’aviser les politiques, en raison de la concurrence déloyale que les vignerons d’ici doivent subir en raison des coûts de production très élevés en Suisse, des exigences légales et écologiques beaucoup plus contraignantes en Suisse que dans beaucoup de vignobles étrangers. Les vignerons n’ont pas la culture de la contestation, donc il est bien que certains se soient fait entendre à Berne. Mais il faut veiller à donner des messages positifs. Il faut se soutenir les uns les autres pour aller de l’avant. Plutôt que de se plaindre, essayons de trouver ensemble des solutions pour investir d’autres marchés, dans d’autres pays, ou d’autres clients, en Suisse, qu’il faut approcher et convaincre. Le monde du vin s’ouvre aux femmes qui deviennent connaisseuses et achètent le vin avec un goût certain. Il n’y a plus de différence entre le monde masculin et féminin quant aux vins consommés. Et quand on voit les très nombreux jeunes qui arpentent caves et vignobles lors des Journées des caves ouvertes cantonales, on se dit qu’il y a de l’avenir pour ce magnifique métier de vigneron. Selon eux, il y a un marché énorme à prospecter, il faut relever ses manches et se mettre au travail.