Ce téléphone qui…
Gérard Bourquenoud | Comme la langue, le téléphone est à la fois la meilleure et la pire des choses! Mais c’est selon la manière dont il est utilisé qu’il vous rend les plus grands services ou vous met les nerfs en boule. Vous, Madame, qui m’avez appelé récemment et que vous m’avez repéré par ma collaboration occasionnelle au journal «Le Courrier», vous n’êtes pas la première, la seule et dernière victime. Certains plaisantins s’amusent en effet à feuilleter le botin et à composer un numéro pour la simple euphorie de faire accourir quelqu’un à l’appareil, de rire sur ce qu’il répondra ou encore pour de la pub ou parfois même des menaces, bien que ce ne soit pas très intelligent. Vous qui vivez seule dans une maison familiale, qui ne connaissez pourtant aucun ennemi, vous avez souhaité que l’on parle de ce problème dans ce journal, dans l’espoir que les auteurs de ces coups de fil – qu’ils soient d’ici ou d’ailleurs – puissent mettre fin à leur manigance qui perturbe le quotidien non seulement des personnes âgées, mais de tout un chacun. Il est vrai que trop de gens à l’heure actuelle se font un malin plaisir d’appeler non seulement de jour mais encore la nuit, sans aucune explication. Tout cela laisse à penser que ces gens-là n’ont aucun savoir-vivre, ni respect d’autrui. Il y a quelques jours, un monsieur presque centenaire, m’a également appelé pour m’avouer: «j’en ai marre de recevoir des coups de fil anonymes à n’importe quelle heure de la nuit, alors que le sommeil est déjà très court pour un homme de mon âge. Les gens qui se permettent de tels agissements sont pour ma part au bord de la dégénérescence. Et que dire des appels des assurances, maisons ou commerces inconnus qui souhaitent vous faire changer de caisse-maladie ou encore vendre leurs produits par téléphone, comme si on était disposé à signer un contrat ou acheter n’importe quoi.» Je dois avouer que je suis comme vous, monsieur, conscient qu’à la longue, cela provoque une angoisse pour ne pas dire une affection nerveuse et la crainte de répondre à chaque fois que la sonnerie du téléphone se fait entendre. La plupart des appels anonymes sont, selon le livre d’un médecin aujourd’hui décédé, le déclic d’une obsession qui hante le cerveau de certains individus qui, le plus souvent, ne réalisent même pas le mal qu’ils peuvent provoquer à des personnes sensibles et fragiles. Nous ne vivons qu’une fois sur cette terre, alors pour quelle raison la vie doit-elle être perturbée ? Ce serait pourtant si facile de se discipliner et de faire que cette invention si utile soit agréable pour tous. Et puis respecter le bien-être de chacun est aussi une question d’éducation. Tant de choses le seraient si l’on voulait simplement y mettre un peu de bonne volonté. Car le téléphone utilisé à bon escient rend de tels services et facilite tellement la vie que nous ne saurions plus nous en passer.