FORTA, ou de la pertinence d’investir dans notre réseau routier
Un moyen de transport flexible et génial
Tobias Imobersteg, Chexbres | Beaucoup de gens comprennent uniquement la question des investissements dans la route et dans le rail comme une question technique. Ce n’est pas faux, c’est une question technique en terme de besoins en transport. Et les besoins en transport étant infinis, on peut construire des réseaux à l’infini. En même temps, on oublie le choix de société gigantesque que présente à nous le trafic automobile ou le trafic ferroviaire. Les investissements dans les autoroutes ces dernières 70 années ont totalement changé le visage du pays! Ils l’ont changé pour le meilleur et pour le pire. Certaines personnes qui sont nées et qui ont grandi dans une voiture ne renonceront jamais à leur sésame. C’est vrai, rappelons que l’automobile est un moyen de transport génial! Génial de part sa flexibilité absolument unique.
Mais génial pour qui ? Génial à quel moment ? Et génial dans quel endroit ?
Le problème de la voiture est qu’elle se comporte comme un piéton… Comprenez par là qu’elle peut, comme un piéton, se déplacer partout. C’est ce qui la rend aussi géniale. Résultat: les piétons sont en danger! Et malgré toutes les techniques de sécurisation qui ont été développées ces dernières décennies, comme le trottoir ou le passage piétons, une forte circulation automobile plombe les commerçants le long des axes routiers. La simple présence de voitures suffit à réduire la probabilité qu’un client rentre dans votre magasin. Oui, les voitures font fuir les piétons. Ces derniers prennent donc leur voiture pour aller là… où il n’y a pas de voiture! J’ai nommé les grandes surfaces commerciales. Elles sont une copie conforme de nos anciens bourgs médiévaux: le trottoir est inexistant car la rue appartient aux piétons. Les villes et les villages, eux, subissent le trafic, ce qui les rend dangereux. Et c’est sans parler de l’insécurité et des déprédations. A cela s’ajoute les voitures qui circulent autour des centres-villes, ce qui en barre l’accès au piéton… à moins, bien sûr, d’utiliser sa propre voiture pour accéder au centre-ville. C’est un cercle infernal au sens propre. Et à cause de cela, les petits commerçants se battent pour avoir des places de parc devant chez eux afin que leurs clients puissent parquer leurs voitures là. Devant chez eux! Cela alors même que la voiture et l’étalement dans le paysage des habitations qu’elle produit est le pire ennemi des petits commerçants. La voiture permet d’habiter n’importe où. Les clients sont donc éparpillés dans le paysage. Et s’il est clair pour moi que l’automobile est indispensable pour le trafic commercial (électricien, fleuriste, …) ou encore pour les marchandises (camions) et qu’elle est ainsi une excellente technologie pour faire fonctionner notre économie, je doute en revanche sérieusement de la pertinence économique de mettre des millions d’individus dans des millions d’automobiles individuelles! Il est de la plus haute importance que le trafic individuel se voit proposer une vraie alternative sur les transports publics. Surtout sur les trams et sur les trains. Cela ne veut pas dire qu’il n’y aurait plus de voiture: les routes devraient être consacrées pour les services qui ont besoin d’une flexibilité totale, ainsi que pour les habitations isolées ou encore pour les inconditionnels de la voiture qui refuseront toute leur vie de monter dans un train. La voiture est un moyen de transport génial, c’est vrai, mais elle pénalise grandement notre qualité de vie, indépendamment du fait qu’elle soit de type autonome électrique ou de type moteur à explosion; le problème est le même depuis 70 ans. FORTA est donc un pas dans la mauvaise direction. NON à FORTA.