La Suisse doit-elle reconnaître ses enfants?
Parce que c’est bien de cela que l’on parle. De ses enfants. Les étrangers de deuxième génération, on les a nommés les «secundos», la troisième génération, personne ne l’a surnommée parce que ça n’a plus lieu d’être. Ces gens, comme disent les opposants, sont nés ici, parlent notre langue, sont parfaitement intégrés et parfois plus intéressés à la politique de notre pays que certains jeunes Suisses. Parce que bien souvent, ils ne parlent que très peu la langue de leurs grands-parents. Et qu’ils ne vont dans leur pays d’origine que de façon épisodique. Parce que dans leur pays d’origine justement, ils sont considérés comme des étrangers parce que trop assimilés à notre culture et qu’on ne les comprend plus. Et qu’ils parlent leur langue avec un certain accent puisqu’ils ne la pratiquent plus ou peu. Et ne peut-on pas avoir deux cultures? Ne peut-on aimer deux pays? Parce qu’il est temps d’avoir un peu de reconnaissance pour ces étrangers qui sont venus dans les années 60-70 et qui ont été traités d’une façon pas toujours dans les limites de l’humanité. Ça ne vous parle pas? Un petit tour sur internet pour vérifier. Et les enfants de ces étrangers sont maintenant vos amis et font partie de votre paysage. Et nous parlons de leurs petits-enfants. Nous parlons de ceux qui sont nés ici, qui ont étudié ici, que l’on ne différencie pas dans la rue, qui sont membres de vos partis et de vos sociétés. Je vous propose un petit exercice. Dans votre famille, dans vos amis, dans vos voisins, est-ce que tous sont Suisses? Quel est le pourcentage de personnes que vous pensiez suisses et qui ne le sont pas? Certains diront qu’ils auraient pu faire la démarche de se naturaliser. Nous pouvons aussi faire la démarche de les accueillir et de leur dire que pour tout ce que leurs grands-parents ont fait pour notre pays, nous leur faisons ce cadeau pour les remercier. Et quand je dis «cadeau», soyons clairs, nous ne parlons pas de le leur envoyer par la poste, mais juste de leur accorder une naturalisation facilitée, donc nous ne bradons pas le passeport suisse, nous facilitons son obtention pour les étrangers qui remplissent les conditions. La nuance est là. La personne qui en fera la demande n’aura plus à prouver son intégration, mais ce sera à la commune et aux cantons de prouver sa non-intégration.
Il y aura une harmonisation des pratiques au niveau fédéral. Il faudra avoir moins de 25 ans, au moins un parent au bénéfice d’un permis d’établissement et un des grands-parents qui devra avoir bénéficié d’un permis de séjour. Nous sommes loin des terroristes mentionnés par l’opposition. Et nous parlons de 4000 à 5000 jeunes par an. Donc pas de quoi peindre le diable sur la muraille! Et à l’heure où on nous propose de faire des cadeaux aux grandes entreprises qui vont mettre à mal nos services publics et notre porte-monnaie, ne pourrait-on pas se montrer humain en accordant cette naturalisation facilitée pour la troisième génération qui, elle, ne nous coûtera pas un sou?
Monique Misiego – Présidente section Lavaux-Oron-Riviera du POP