L’initiative de trop
par Antonio Costa | La Municipalité de Lutry a organisé le jeudi soir 10 avril, avec le soutien de tous les partis locaux, un débat public d’où il est clairement ressorti qu’une majorité des personnes présentes soutenaient le contre-projet du Conseil d’Etat à l’initiative «Sauver Lavaux III». Cette position est également celle, unanime, de la Municipalité, qui considère aussi que la nouvelle initiative de Franz Weber est celle de trop. Elle propose par conséquent son rejet lors de la votation cantonale du 18 mai prochain.
Le territoire de Lavaux n’est pas un espace naturel. Voilà mille ans que le travail des hommes – au début des moines bénédictins et cisterciens, puis des vignerons – a façonné sa nature et son aspect uniques. C’est un paysage construit à la sueur du front de dizaines de générations de travailleurs de la terre, qui y ont édifié pas loin de 450 kilomètres de murs de soutènement pour créer quelque 10’000 terrasses plantées de vigne. Ils y ont également construit leurs maisons, leurs caves et leurs celliers dans des villages caractéristiques qui ornent le vignoble comme des joyaux. C’est le travail des hommes, magnifiquement intégré à la nature, que l’Unesco a distingué.
Un contre-projet à la hauteur
L’initiative «Sauver Lavaux III» prétend figer à tout jamais la configuration actuelle de Lavaux, y empêchant toute nouvelle construction, y compris sur les terrains légalement attribués aux zones à bâtir. Elle empêche toute évolution des exploitations viticoles et gèle même pendant cinq ans les projets en cours, y compris ceux d’intérêt public.
Le contre-projet du Conseil d’Etat, lui, laisse à la compétence communale les zones à bâtir existantes, dessinées d’un commun accord par toutes les parties en 1979, suite à la mise en application de la première initiative de Franz Weber. La révision de la loi en 2012 permet notamment la réalisation d’indispensables parkings souterrains recouverts de vignes. Un soutien à la viticulture est prévu sous la forme d’un possible subventionnement de la réfection en bonne et due forme des murs de vigne.
La Municipalité estime que la législation actuellement en vigueur, qui a permis à Lavaux d’être inscrit au Patrimoine mondial de l’Unesco, sera renforcée par le contre-projet du Conseil d’Etat et que la protection de ce site exceptionnel sera ainsi mieux assurée.