Le périple des Pasche
Céline Pasche | épisode 4 : Un typhon va atteindre Taiwan ce soir
Il vous faut trouver un abri ! crie un Taïwanais.
Nous venons juste d’atteindre le sommet d’un col, fatigué et dégoulinant de sueur. Nous nous dépêchons de rejoindre le premier village, où la population locale nous demande de rester dans une école jusqu’au passage du typhon. L’hospitalité de la population a toujours été fantastique. Nous avons dormi dans des temples bouddhistes, dans des écoles, dans des postes de police. Si nous avions besoin d’aide, nous avons toujours trouvé du soutien. Et nous avons été impressionnés par la générosité de la population dans tous les pays que nous avons traversés.
Voyager à vélo, c’est aussi l’occasion de rencontrer diverses cultures et d’échanger sur l’éducation des enfants. En Thaïlande, les bébés prennent des bains au moment le plus chaud de la journée. Nous étions ainsi invités à baigner Nayla dans un seau au milieu du marché. Au Laos, les enfants marchent avec une poignée de riz gluant. Et notre fille marchait, elle aussi, au milieu des rizières avec du riz gluant dans la main. En Chine, les enfants ne portent pas de couches, mais des pantalons troués à l’entrejambe.
Comment avez-vous fait pour l’hygiène ? s’interrogèrent nos amis suisses.
Nous avons opté pour des couches lavables que nous faisons sécher à l’arrière de la charrette lorsque nous roulons. Nous utilisons la méthode de l’hygiène naturelle infantile, limitant ainsi au maximum le port d’une couche. Nous nous lavons tous les jours avec des gants de toilette ou avec une douche créée par nos vaches à eau de dix litres. Généralement, nous transportons de l’eau en quantité, cela nous permet de nous arrêter à tout instant, pour une pause, un repas ou pour la nuit.
Passant tout notre temps au cœur de la nature, Nayla adore nager dans les rivières à l’eau cristalline. Tous les jours, elle ouvre les yeux face à des paysages contrastés, par moments dans les senteurs exotiques des forêts, parfois au milieu des villes à plus de quatre millions d’habitants. Elle observe les insectes puis se retrouve au milieu d’une foule qui la regarde. Elle danse sur les musiques du monde. Ensemble, nous avons nagé dans les eaux tropicales en Thaïlande, admiré les fabuleux temples d’Ang-kor au Cambodge, suivi la route du thé en Chine, grimpé jusqu’à la montagne sacrée de Taiwan.
Nous transportons 60 litres d’eau sur nos vélos
Le désert de Nullarbor en Australie nous appelle depuis notre arrivée à Perth. Il nous aura fallu dix-neuf jours pour traverser 1200 km de terre aride. Là, nous avons une deuxième remorque pour la nourriture et l’eau. Nous transportons jusqu’à soixante litres d’eau pour 200 km et huit jours de nourriture. Nous avons aussi demandé à des conducteurs de caravane de déposer des paquets de nourriture sur le chemin. Lorsqu’il n’y a pas d’ombre à l’horizon, nous devons la créer avec une bâche entre nos vélos. C’est pourtant une fantastique expérience, surtout lorsque nous atteignons l’Australian Bight, un lieu sacré où la terre rouge infinie rejoint le bleu indigo de l’océan Austral. Nous sentons alors la félicité du chemin, la joie d’y être arrivés à trois et l’union au fabuleux paysage. Puis nous retrouvons avec euphorie la douceur des premiers arbres, leur vert intense et les chants des oiseaux.
15’000 km et deux ans après la naissance de notre fille, nous avons finalement atteint la Nouvelle-Zélande, la destination finale de notre projet. Aujourd’hui, nous sommes de retour à Penang pour quelques mois. Nayla est rayonnante de joie et de vie. Elle fait de grands signes aux personnes dans la rue, un large sourire sur son visage. À dix mois, elle marchait. À deux ans, elle est propre, nage et parle le français et l’anglais.
Comme un petit cocon, notre famille se déplace dans le monde, à l’écoute de nos inspirations, dans l’émerveillement de la découverte et du partage. Faisant confiance en la magie de la vie.
Où allez-vous vous installer pour sa scolarité ? nous demandent nos amis.
Actuellement, nous planifions un nouvel itinéraire. Nous souhaitons continuer de vivre nomades à vélo, du moins aussi longtemps que cette vie nourrit notre âme. Pour le moment, nous pensons faire l’école en chemin. Mais nous avons encore du temps pour y réfléchir et notre envie de rouler à travers le monde peut aussi changer.
Aujourd’hui, nous sommes heureux dans ce choix de vie. Il nous donne la fantastique opportunité d’être ensemble à chaque instant, et c’est précieux.