90 ans de Simone Piguet-Gillièron
Nous sommes si heureux de fêter aujourd’hui avec elle et chez elle, cette vie bien vécue
MPZ Simone Piguet est née Gillièron à Oron le 21 décembre 1932, troisième enfant d’une famille de 3 enfants. Fille de Germaine et de Edouard Gillièron, elle était la petite dernière après deux frères, Jean-Daniel et Charly. Son père a succédé à son grand-père comme notaire à Oron. Sa mère venait d’une famille paysanne établie à Châtillens. C’est à Oron qu’elle a grandi et fait sa scolarité et qu’elle a commencé le piano à l’âge de 8 ans. La musique est devenue pour elle un refuge, un ressourcement. Bach, Mozart, Chopin, Schuman… Elle s’est aussi initiée à l’orgue.
Après sa scolarité obligatoire, Simone s’est formée comme institutrice à l’Ecole normale de Lausanne. Elle y a connu André Piguet et c’est à la fin de leurs études, alors que lui avait été nommé instituteur à Huémoz et elle institutrice à Gryon, que leur aventure commune a commencé. Fiançailles, mariage, une première fille, Agnès, une deuxième fille, Marie. Après 4 ans de vie dans ces beaux paysages vaudois de montagne, alors que Simone attendait son troisième enfant – un petit garçon qui sera nommé Pierre – André a ardemment souhaité quitter son confort occidental pour partir à l’aventure sous d’autres latitudes, par vocation, en tant que missionnaire. Simone a décidé de suivre son homme dans cette aventure, et après une formation qu’ils ont faite ensemble à l’Ecole des missions de Paris, ils se sont embarqués pour l’Afrique équatoriale, la brousse, avec trois enfants en bas âge, dont le dernier n’avait pas deux mois. En quittant tout le connu, en quittant parents et amis.
Au Gabon tout d’abord pendant 14 ans, puis en Centrafrique pendant 4 ans. Une vie avec les gens du pays, proches, solidaire, engagée. Simone s’est particulièrement engagée auprès des femmes, des mères, dans beaucoup de villages alentours. André, lui, a créé et dirigé un collège, a contribué à diffuser dans le pays les éditions d’auteurs africains, a dirigé un foyer d’étudiants. Et Simone l’a accompagné dans tout cela. La vie africaine était riche en surprises et en imprévus. De nombreux déménagements, de belles rencontres, inoubliables, comme par exemple d’avoir côtoyé le Dr Schweizer en s’installant trois mois à Lambaréné, à quelques pas du célèbre Hôpital Schweizer.
C’est au Gabon que sa quatrième fille, Line, est née, à la maison, douze ans après le petit Pierrot devenu grand. Et peu après, toute la famille a dû quitter le Gabon pour la Centrafrique. Pendant quatre ans et cette fois, oui, c’était l’Afrique mais c’était la grande ville, et les dangers d’un pouvoir dictatorial sous Bokassa. Contraints d’accueillir les enfants de Bokassa dans le Centre qu’ils dirigeaient, Simone et André ont été contraint de le fréquenter occasionnellement.
Puis ce fut le retour d’Afrique, les enfants aux études, et une réadaptation qui s’est avérée difficile dans un premier temps pour Simone. Même avec Kouakou, son célèbre perroquet du Gabon qu’elle a reçu pour ses 50 ans, et qui a été son compagnon pendant plus de trente ans. Le Gabon est toujours resté très vivant dans son cœur. Et les liens n’ont pas été rompus.
Après quelques années en Suisse, à Lausanne, puis à Montpreveyres, Simone a alors reconquis cette nouvelle vie en se tournant vers le développement personnel, et s’est offert une formation dans la relation d’aide, qui lui a permis tout à la fois de poursuivre son chemin intérieur et d’aider des personnes en difficulté. Simone a beaucoup aimé ce travail. C’est aussi l’époque où, après avoir repris des cours de piano avec une excellente enseignante à l’institut de Ribaupierre à Lausanne, elle a pu pour la première fois de sa vie, s’offrir un bel instrument: un piano à queue qui l’a accompagnée et qui l’accompagne encore. Quoiqu’un peu timide à laisser autrui l’écouter, Simone adore déchiffrer la musique, et bien sûr jouer…
Dans les années septante, André et Simone ont acheté un petit chalet à Derborence qui est devenu un espace de rencontre, aussi bien pour la famille que pour tout leur grand réseau d’amis. Et à la ferme de Montpreveyres, Simone s’est aussi vraiment sentie chez elle pendant 36 ans. Avec la vue sur le Jorat qu’elle a toujours tellement aimé. C’est là qu’elle a partagé encore presque vingt-cinq ans la vie d’André, lui-même toujours actif, passionné, engagé, même à la retraite, jusqu’au bout.
Pour lui, écrire ses souvenirs d’Afrique avant de partir pour le grand voyage, avant que la maladie ne l’emporte, pour lui, c’était l’idée. Simone a terminé le livre, et avec l’aide de ses enfants, l’a publié. Et après le départ d’André, pour traverser son deuil après plus de cinquante ans de vie commune, elle a elle-même écrit un livre « Je te laisse t’envoler », qui a été publié. Puis il y a eu le chagrin de perdre Pierrot, son fils bien-aimé, malvoyant et si formidable.
Simone s’est créée une vie à elle, avec ses enfants, ses amis, ses quatre petits-enfants, et maintenant ses quatre arrière-petits-enfants, avec son cercle d’amis, ses voisins. Après avoir surmonté le Covid qui s’est invité tambour battant dès mars 2020 alors qu’elle faisait un court séjour à l’hôpital, Simone vient de surmonter une autre épreuve: une chute inopinée qui a eu pour effet de l’obliger à passer tout l’été à l’hôpital.
Mais l’épreuve a été surmontée, Simone a trouvé la force de retrouver son autonomie au quotidien, et nous sommes si heureux de fêter aujourd’hui avec elle et chez elle, ses 90 ans de vie bien vécue.