17’000 « non » à la fermeture des bureaux de La Poste
Lundi matin, une pétition a été remise aux représentants de La Poste pour signifier leur mécontentement. Ils refusent les annonces de fermeture de bureaux régionaux.

Ils sont 17’000 à refuser la fermeture prévue des quelque 170 offices de poste en Suisse romande. 17’000 paraphes qui ont été remises officiellement ce lundi aux représentants du géant jaune par le comité de pétition « Stop aux fermetures d’office de poste ».
« Pour nous, il est exclu de fermer ce bureau de poste », martèle Jean-Pierre Haenni, syndic de la commune de Bourg-en-Lavaux. « C’est bien plus qu’un bureau de poste, c’est un lieu social. Les gens s’y rencontrent, discutent avec des amis, des voisins, etc. » « On veut dire 17’000 fois que les habitants des communes et des régions concernés par ces fermetures n’ont pas envie d’être abandonnés », abonde Benoît Gaillard, à l’origine de la pétition. « C’est l’impression qu’ils ont. »
C’est bien plus qu’un bureau de poste,
c’est un lieu social.
Les gens s’y rencontrent, discutent avec des amis, des voisins.
Jean-Pierre Haenni,
syndic de Bourg-en-Lavaux
Annoncée en octobre, la fermeture concerne le bureau de poste de Bourg-en-Lavaux, ainsi que celui de 19 autres communes vaudoises. Non partisane, l’initiative rassemble citoyens et élus. « Aujourd’hui, on joint les forces, avec une approche institutionnelle, de communes, de municipaux, de syndics, qui se battent en engageant leur crédibilité communale. Et ça, c’est possiblement une première. » Pour représenter l’alliance des communes, fondée en novembre dernier suite aux annonces de La Poste, la vice-syndique de St-Cergue, Valérie Legrand Germanier, ainsi que le syndic d’Ormont-dessus, Christian Reber, étaient présents.
Quelle accessibilité ?
Les représentants de la principale concernée avaient également fait le déplacement et ont reçu le carton – aux couleurs de la Poste – contenant les signatures. Pour la porte-parole, Nathalie Dérobert, non seulement les fermetures sont inévitables, mais la population aura encore droit à un certain service. « Dans le canton de Vaud, on a 96 % d’accessibilité, ça veut dire que 96 % de la population a un accès à moins de 20 minutes à un bureau de poste », explique-t-elle. « On est au-delà des prescriptions légales, qui sont de 90 %. A Cully, c’est respecté parce qu’il y a une Poste à Lutry, à Pully et à Vevey, toutes à moins de dix minutes. » Dans le chef-lieu du district, La Poste aimerait cependant garder un service physique, qui serait installé dans un commerce, avec pratiquement les mêmes services. Les versements en espèces ne pourront pas y être effectués pour des risques de blanchiment d’argent. Des discussions doivent encore avoir lieu pour préciser le projet. Pour les élus, la population a besoin de plus que ça, notamment à Saint-Cergue, où une grande partie de la population est âgée. « On ne peut pas demander à des personnes qui ont 80 ans d’avoir les compétences digitales de gens de 25 ans pour accéder aux services online », scande Valérie Legrand Germanier. « On nous dit que La Poste va vers une modernisation sans précédent, qu’elle regarde vers l’avenir. Mais pour nous, élus communaux, le progrès, c’est quoi ? Pour nous, le progrès, c’est d’investir tout ce qu’on peut dans des infrastructures, d’aller à la rencontre de la population, et La Poste fait exactement l’inverse. Elle se recroqueville dans son coin. »
Si les pétitionnaires ont donné le temps à leur mouvement de prendre de l’ampleur, la date de dépôt n’est pas tout à fait choisie au hasard. Le 11 mars prochain, une motion sera discutée au Conseil des Etats. Déjà approuvée par le Conseil National, elle demande de revoir le mandat donné à La Poste et de freiner drastiquement les fermetures des offices postaux.