Votation du 9 février: commentaires
NON à un changement irréaliste de société

Christa Calpini, pharmacienne, ancienne députée au Grand Conseil VD | Dimanche dernier, le peuple suisse votait sur l’Initiative populaire « Pour une économie responsable respectant les limites planétaires (initiative pour la responsabilité environnementale) ». C’est un NON, claque et sonnant à 69,8 % des voix.
Lancé par les jeunes verts, le texte vise à mieux cadrer l’économie en ajoutant un article dans la Constitution qui dit ceci « La nature et sa capacité de renouvellement constituent les limites posées à l’économie nationale. Les activités économiques ne peuvent utiliser des ressources et émettre des polluants que dans la mesure où les bases naturelles de la vie sont conservées. » La Confédération et les cantons assurent le respect de ce principe en tenant compte en particulier de l’acceptabilité sociale, en Suisse et à l’étranger, des mesures qu’ils adoptent ; ceci, au plus tard 10 ans après l’acceptation de l’initiative. Pour faire simple, nous ne devons pas consommer plus que ce que la terre offre, tout comme nous ne devons pas polluer davantage que ce que la nature est capable de régénérer. Si on y regarde de plus près, la plupart des pays riches sont loin d’atteindre l’objectif que le texte veut fixer à la Suisse. En une année, notre pays utilise 2,5 fois ce que notre écosystème est capable de fournir ou, autrement dit, sur les douze mois d’une année, c’est en mai que les Suisses auraient déjà consommé toutes les ressources renouvelables de l’année. Donc, l’initiative reflète une préoccupation légitime et scientifiquement prouvée. Par contre, elle fait fi des solutions qui tiennent compte des réalités économiques et sociales, tout en respectant les règles du droit. L’objectif de transformer notre système économique en dix ans impliquerait un changement radical d’état d’esprit de la part de chacun. Il faudrait imposer aux citoyens et à l’économie des sacrifices drastiques dont la plupart n’ont pas envie. Pour ne pas atteindre le fameux « jour du dépassement », la Suisse devrait se mettre au niveau des pays les plus pauvres du monde, dans lesquels les PIB sont 50 fois inférieurs au nôtre. Irréaliste et impossible ! Quand on voit le monde dans nos aéroports, les bouchons sur l’autoroute en fin de week-end ou l’affluence dans les centres commerciaux en période de soldes, force est de constater que les Suisses ne sont pas prêts à subir des restrictions massives en matière de consommation et de production.
Par contre, pas si inconscients que cela, ils acceptent des changements en préférant la politique des petits pas, secteur par secteur. L’acceptation de la loi sur le climat et plus récemment, celle des énergies renouvelables, le prouvent, tout comme le résultat de cette dernière votation.