Une invasion de batraciens à Mollie-Margot
Colette Ramsauer | Plus de mille individus
La collection de Colette Lo Russo a débuté à Renens voilà une quarantaine d’années, lorsque Nicolas son époux lui offrait la pièce de départ, pour la consoler d’une grenouille capturée qui avait pris la clé des champs. Aujourd’hui, dans la grande demeure de Mollie-Margot, leur population s’élève à plus d’un millier d’individus ! On peut parler d’invasion. Elles sont partout, sur les meubles, accrochées aux murs, aux portes, agglutinées dans des vitrines, dans la véranda. A l’extérieur, parsemées dans le jardin qu’elles ont rendu extraordinaire, où d’autres, vivantes, coassent à la période de frai.
Verte, rousse, rieuse, volante, des champs. De sa silhouette en 3D à son effigie sur le dossier d’une chaise d’enfant ou au croquis à l’encre d’un fameux artiste. De la grenouille théière au trio d’agiles baigneuses sur une urne funéraire du Mexique. Leur format va du plus grand prônant dans le jardin au minuscule exposé dans les vitrines.
Cadeaux ou acquisitions, de bois, de céramique, de verre, de pierre, de bronze ou d’argent – la liste n’est pas exhaustive –, fruit du savoir-faire et de l’imagination d’autant d’artistes et d’artisans, elles évoquent dans un foisonnement de couleurs les souvenirs de quatre décennies d’une famille qui a suivi passionnément l’histoire de l’étonnante collection.
Effigie de Mollie-Margot
C’était en 1977, lors des festivités du 150e anniversaire de la commune de Savigny. Préparant le cortège, des habitants de Mollie-Margot dont Colette Lo Russo cherchaient une mascotte pour représenter cette partie du territoire communal. La grenouille s’imposa rapidement du fait que le toponyme Mollie – autrefois Moille – désigne «mouille», territoire marécageux où jadis les
populations de batraciens vivaient en grand nombre. Le graphiste Serge Behler immortalisa le petit animal, yeux immenses et bouche bien tendue, dans les couleurs synople, or et argent, la surmontant d’une couronne d’or. Non officiel, l’emblème est néanmoins dans le cœur des autochtones et apparaît ici et là dans les jardins et les habitations. Les Amis de Moille en ont fait depuis leur mascotte.
La grenouille qui amusait tant Colette Lo Russo enfant aux abords des lacs, aujourd’hui un peu grâce à elle est reine en ces lieux. Et contrairement à la fable, le petit animal n’a pas eu à s’enfler pour accéder à ce titre.