Une initiative populaire pour jeter à la benne la vignette des déchets verts à Bourg-en-Lavaux
Après une pétition ayant réuni plus de 850 signatures sans succès, un comité d’habitants passe à la vitesse supérieure. Pour remplacer le système actuel de vignettes, basé sur le volume de déchets verts produits, ils demandent d’instaurer une taxe forfaitaire annuelle de 20 francs par parcelle. Pour que leur initiative soit soumise au vote, 600 signatures valables doivent être récoltées d’ici au 28 août.

Une motion au Conseil communal n’aurait pas eu le même impact », tranche Pascal Vionnet. « Avec une initiative, on impose à la Municipalité de soumettre le texte au vote populaire. Ce n’est plus l’exécutif qui choisit la solution, ce sont les citoyens ». Sa collègue, Véronique Addor, renchérit : « La pétition demandait la suppression de la vignette, l’initiative va plus loin, elle modifie directement le règlement communal. »
De son côté, Silvio Crosa fustige une taxe « injuste et mal conçue ». Dès son application en 2023, la taxe déchets était facturée par personne et non par ménage. Pour exemple, les cinq membres du comité ont fait le calcul : « Un couple de retraités payait 150 francs avant l’instauration de la vignette, aujourd’hui ils en déboursent 200, soit une hausse de 30 % pour le traitement des déchets. Mais s’y ajoutent, pour les déchets verts, d’une part la taxe individuelle de base de 10 francs, et d’autre part la taxe variable des vignettes par container de déchets verts. » L’initiative vise à réduire ces montants et à en simplifier drastiquement la gestion.
Le comité, représenté par Véronique Addor, Pascal Vionnet et Silvio Crosa, propose dès lors une solution simple : une taxe annuelle unique de 20 francs par propriétaire foncier. « Une ligne par propriétaire, pas besoin de vignettes, pas de calcul ni d’exemptions compliquées », résume Pascal Vionnet. Chaque citoyen serait libre de choisir s’il place ou non son conteneur en fonction de ses besoins saisonniers : « Le volume produit en janvier n’est pas le même qu’en juin. Le système doit être souple et la tournée adaptée. »
Simplifier pour économiser
Parmi les principaux arguments des initiants : la simplification administrative. « Moins de bureaucratie, moins de frais de gestion, plus de lisibilité pour les citoyens », explique Véronique Addor. Selon leurs estimations, la taxe forfaitaire pourrait même permettre à la commune de réaliser des économies.
Côté finances, en 2023, la commune a encaissé environ 75’000 francs grâce aux taxes sur les déchets verts : 44’000 francs pour la taxe de base (10 francs par personne) et 31’000 francs via les vignettes pour conteneurs. Avant l’instauration de la vignette, un rapport de 2022 faisait état d’un déficit de près de 56’000 francs dans la gestion des déchets. Pascal Vionnet relève qu’avec l’instauration de ces taxes, la commune réalise des bénéfices de plus 40’000 francs en 2024 provenant des multiples taxes sur les déchets verts.
Une réponse jugée
insuffisante
Suite à la pétition de 2024, la Municipalité a pourtant revu sa copie en plafonnant le prix des vignettes. Dans la première mouture, ces dernières pouvaient atteindre 360 francs. Aujourd’hui, l’achat d’une vignette à coller sur son container ne dépasse pas 180 francs. Mais pour les initiants, ce geste reste symbolique. « On n’a pas été entendus. Le fait que la commune ne bouge pas après 850 signatures, c’est un déni de démocratie », affirme le comité.
Dans une réponse officielle à un postulat du Conseil communal (6 mai 2024), la Municipalité a reconnu les « défauts de jeunesse » du système de vignette, en déclarant qu’elle poursuivrait des ajustements après étude approfondie.
Une initiative au nom
de la démocratie
Les initiants multiplient les actions de terrain. Le samedi de l’Ascension, ils ont récolté 70 signatures à la déchetterie de Cully. D’autres opérations sont prévues les jours de marché ou sur les quais des trois gares. Un tout ménages a été distribué dans les 2800 boîtes aux lettres de la commune, et des affiches seront également apposées dans divers lieux publics.
Pour les initiants, leur action n’est pas qu’un sujet financier : c’est une question de participation citoyenne. « Il faut que les habitants reprennent la main sur les décisions. On veut une commune qui les écoute et qui prend les bonnes décisions », espère Véronique Addor. Si le seuil des 599 signatures est atteint, la Municipalité devra organiser un vote communal. « Très souvent, cela se fait lors de votations fédérales », précise Silvio Crosa.