«Les Dépossédés» – Un documentaire à voir absolument !
«Les Dépossédés», le monde paysan en danger, un documentaire de Mathieu Roy
Colette Ramsauer | Le jeune cinéaste montréalais Mathieu Roy, depuis plus d’une décennie, parcourt la planète et collabore avec plusieurs artistes inspirants, dont le légendaire cinéaste Martin Scorsese. Il prépare aussi «Toutes les mémoires du monde», un projet sur la sauvegarde du patrimoine cinématographique mondial inspiré du World Cinema Project de Martin Scorsese, organisation à but non lucratif consacrée à la préservation et la restauration d’œuvres négligées appartenant au cinéma mondial. Tels ces films sauvegardés, «Les Dépossédés», dernier documentaire de Mathieu Roy saura parler aux prochaines générations des réalités du monde actuel.
Victimes de la surproduction
Partout et depuis toujours dans le monde, l’agriculture a dû faire face à d’âpres difficultés. Dans les années 70-80, on pensait qu’avec les nouvelles technologies les choses s’amélioreraient. C’est le contraire qui s’est produit. Tourné en Inde, en République démocratique du Congo, au Malawi, en Suisse, au Brésil et au Canada, «Les Dépossédés» nous immerge dans la réalité quotidienne d’aujourd’hui des petits paysans agriculteurs. Dans un monde où l’agriculture industrielle règne en maître, le film explore les mécanismes propulsant des individus dans une spirale d’endettement et de dépossession, de désespoir.
«Un jeu de massacre!»
Car les transnationales contrôlent les semences, les engrais, les pesticides et plus. «Le comportement des groupes agroalimentaires est un jeu de massacre!» nous dit l’ingénieur-chercheur agronome Marcel Measoyer. Un producteur de coton indien répond à la question de savoir où passe les dollars entre 1$ que reçoit le cultivateur pour 400gr de coton brut et le prix d’un jeans à 80$? Très proche des gens de la terre et abordant les responsables à tous les niveaux, Mathieu Roy nous offre des interviews captivantes. Et les images des pays parcourus sont surprenantes. Le No Comment de la séquence qui nous fait entrer dans le film et de celle qui le conclut sont particulièrement évoquantes et émouvantes.
Sur la RTS
Le 8 janvier dernier sur la RTS, dénonçant les mêmes abus, l’émission ABE de la RTS suivait la piste d’un t-shirt bio jusqu’à son producteur en Inde. Le reportage était signé Maya Chollet que nos lecteurs connaissent bien pour ses exploits sportifs et qui fait son chemin en tant que journaliste à la télévision. Le lien paraît opportun.
«Les Dépossédés» le monde paysan en danger – CAN, CH, 2017, vo.st. de Mathieu Roy
Au cinéma d’Oron dès le 16 janvier – Bien qu’en version sous-titrée, le film tourné au Congo, en Suisse romande et au Canada est en majeure partie en français
Ciné-Doc au cinéma d’Oron
CR | Entre janvier et avril, Ciné-Doc nous propose quatre films représentant ce que le cinéma documentaire offre de meilleur dans la diversité et la qualité :
Le vendredi 25 janvier L’esprit des lieux, France 2018, de Stéphane Manchematin et Serge Steyerqui suit un audio-naturaliste passionné dans les forêts à la recherche de sons extraordinaires
Le vendredi 22 février A Bright light – Karen and the Process, Suisse 2018, de Emanuelle Antille, nous emmènera sur les traces de Karen Dalton, chanteuse folk des années 60. La réalisatrice sera présente à Oron lors de la projection du film.
Le vendredi 22 mars, présenté à Soleure puis à la Semaine de la critique à Cannes, Chris the Swiss, CH, HR, DE, 2018, de Anja Kofmel menant une enquête sur les
circonstances de la mort de son cousin reporter de
guerre tué mystérieusement en Croatie en 1992.
Le vendredi 12 avril pour clore la saison, Le Grand bal, France 2018, de Laetitia Carton qui filme dans une région de France toute une foule se déplaçant pour danser durant des jours. Le retour des bals populaires, un sujet d’actualité.
Ce programme donne la part belle aux sons et à la musique annonce Justine Duay, aux rênes de Ciné-Doc: «il propose aussi de découvrir des nouvelles formes de narration. Documentaire musical et essai cinématographique, A Bright Light mêle harmonieusement images actuelles numériques et argentiques, films d’archives et enregistrements musicaux. Dans Chris the Swiss, entretiens et images d’archives sont complétés par de superbes séquences d’animation qui plongent le spectateur au coeur de l’action, dans les rebondissements de l’enquête.» A vos agendas!