Un artiste très original
Pierre Jeanneret | L’artiste parisien Jean-Pierre Grün nous a quittés le 18 décembre 2014, alors que l’on préparait son exposition. Nous avions eu la chance de visiter, dans le quartier de Montparnasse, son espace-atelier grand comme une volière et rempli de tableaux. Très discret et modeste, l’homme était attachant. Revendiquant son statut d’«artiste clandestin», mais non marginal, il a passé près de cinquante années de sa vie à dessiner et à peindre de façon quasi obsessionnelle… tout en refusant d’exposer! Pour notre bonheur, Richard Aeschlimann avait réussi à le persuader de le faire. La découverte de son œuvre, en 2002 puis en 2007, dans ces mêmes locaux de la Maison des Arts, avait provoqué un choc. Jean-Pierre Grün avait en effet un style très personnel et immédiatement reconnaissable. Il mêlait les techniques – dessin, huile, acrylique – en se laissant aller à ses envies.
Avec ses crayons et pinceaux, Grün hantait les parcs publics, les métros, les espaces urbains et la nature. On retrouvera donc ses images du monde industriel moderne avec leurs maisons banales, leurs cheminées, leurs ponts et chemins de fer. Quant à ses paysages, ils sont réalistes (l’artiste travaillait très scrupuleusement sur le motif, multipliant les versions), mais ils touchent au fantastique, avec leurs ciels violets et orageux. On verra aussi à Chexbres quelques portraits de femmes, qui font un peu penser à l’œuvre expressionniste de Chaïm Soutine. Une grande partie de cette exposition posthume est dédiée aux motifs animaliers: chiens, chats, singes, vaches et autres sujets du bestiaire, toujours traités de façon très personnelle. Les visiteurs apprécieront sans doute aussi ses petits animaux en terre cuite, non strictement et platement réalistes, mais auxquels les mains de l’artiste ont apporté une légère distorsion, et parfois un brin d’humour. A voir!
«Jean-Pierre Grün, dessins – peintures – sculptures», Maison des Arts Plexus, Chexbres, du mercredi au dimanche de 15 h à 18 h.