Un « gueulard » en action
Rencontre autour du four à pain communal
Alain Bettex | Un samedi matin, comme presque tous les mois, les amis du four à pain de Montpreveyres se réunissent pour faire du pain et de la tresse. Dans l’espace prévu pour préparer la pâte, qu’on appellerait maintenant laboratoire, ceux qui n’ont rien à y faire ne sont pas les bienvenus…
Montpreveyres (Montis presbyteri) doit son nom à un prieuré des chanoines réguliers de l’ordre de Saint Augustin, dépendant de Saint-Bernard. Il date d’avant 1167. En 1641, le village de Montpreveyres comptait 16 maisons, y compris un moulin. Dès lors, on peut raisonnablement penser que le four à pain est bien antérieur à cette date et qu’il a été construit par ces chanoines. Le dernier prieur fut Nicolas de Watteville. De cette époque datent les armoiries de la commune, soit les deux colonnes représentant les piliers de l’évêché du St-Bernard, et le Rossignol, surnom qui était donné à Nicolas de Watteville, nom actuel donné aux habitants de Montpreveyres. L’occupation bernoise est à l’origine de la «nouvelle» chapelle. De l’ancienne église subsistent la chaire et la table de communion. La cloche datée de 1483 est encore utilisée.
A côté de cet endroit magnifique (nos ancêtres savaient choisir les emplacements) se trouve la chapelle qui est embellie par de très beaux vitraux. L’ancien prieuré est utilisé maintenant comme salle de réunion et abrite la maison du diacre. Juste en face, le four à pain n’a subi que très peu de rénovations. Preuve qu’il était bien construit. L’équipe de passionnés compte une quarantaine de personnes qui se relaie au gré des besoins. Elle fait du pain sous les ordres de Geoffroy Paulz et de Jean-François Martin, qui est en charge de préparer le feu le jour d’avant, afin qu’il soit à la bonne température au moment de la cuisson. Ils sont aidés de Christine et Laurent Pasche, de la maman de Geoffroy et des deux jeunes filles, Clarisse et Eléonore.
Si la confection du pain est simple, de la farine, du sel, de l’eau et du levain, le laisser reposer, obtenir la bonne température du four, et savoir retirer le pain pour qu’il soit cuit à point est tout un art. Pas un boulanger nous dira le contraire. Après cuisson, les «Rossignols» se répartissent le pain au froment, le pain de seigle et les tresses suivant les demandes de habitants. Mais surtout ne le dites pas, la capacité du four est limitée.