Théâtre du Jorat, Mézières – Who you gonna call ? Keaton Buster !
Projection du Mécano de la Générale accompagnée par l’Orchestre des Jardins Musicaux

Le Théâtre du Jorat accueille ce samedi 16 août une projection spéciale du Mécano de la Générale de Buster Keaton, accompagnée en direct par l’Orchestre des Jardins Musicaux.
Une œuvre quasi-centenaire qui n’a perdu ni de sa superbe photographie, ni de son inventivité, ni de son génie comique.
Plus d’un siècle s’est écoulé depuis les premières projections cinématographiques et en ce XXe siècle, le cinéma est probablement de tous les arts celui qui a connu l’essor le plus fulgurant. Si bien que nous voici aujourd’hui gavés d’effets spéciaux détonants, de numérique à tout va, de cascades toujours plus folles et, probablement bientôt, de tous les bienfaits et de toutes les dérives de l’Intelligence Artificielle. Résultat : un rendu toujours plus réaliste, toujours plus immersif et, de l’autre côté de l’écran, un public toujours plus exigeant, qui qualifiera bien vite de navet toute production qui oserait utiliser les techniques d’il y a encore trente ans. Dès lors, quel intérêt peut bien présenter la vieille bobine sortie en 1926 d’un film muet en noir et blanc dont la totalité du casting est depuis décédée ? Probablement que la réponse à cette interrogation tient en deux mots : Buster Keaton.
Car ce film, ce n’est pas n’importe quel film. Le Mécano de la Générale, de fait, est de ces œuvres qui ne meurent jamais vraiment. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si la Bibliothèque du Congrès de Washington l’a choisi comme tout premier élément de la National Firm Registry, qui tend à conserver des œuvres cinématographiques d’importance majeure. Et ce film est avant tout l’œuvre d’un homme qui aura pesé de tout son poids sur l’histoire cinématographique américaine et mondiale, le susnommé Buster Keaton.
Buster qui ? Il est vrai que « l’homme qui ne rit jamais » jouit d’une moins grande notoriété que son principal rival (et pourtant admirateur) Charles Chaplin, il n’en reste pas moins l’un des plus grands acteurs et metteurs en scène des débuts du cinéma. Revenons d’ailleurs sur ce surnom, car il est la marque de fabrique de cet artisan du septième art. Là où le muet réclamait bien souvent des expressions faciales exagérées, Buster Keaton arborait en permanence ce visage impassible. Un manque de compétence d’acteur ? Bien au contraire. Car, à travers ce masque permanent, Keaton ne faisait que magnifier des mises en scènes déjà grandiose.
De fait, des années avant Jean-Paul Belmondo et Jackie Chan, ce freluquet monsieur tout-le-monde fut l’un des premiers grands acteurs-cascadeurs. Venu du monde du cirque, il est ainsi avec Chaplin l’un des grands initiateurs de la comédie dite « slapstick » qui consistait en une avalanche de gags physiques, empruntant tant au clown qu’à l’acrobate.
Cent ans après, l’enchaînement burlesque de ces pitreries a toujours le même effet hypnotisant. Ce n’est donc pas un hasard si ce Mécano de la Générale a été choisi par l’Orchestre des Jardins Musicaux pour son prochain accompagnement de film muet. Déjà passé par l’ensemble des longs-métrages de Chaplin, et par la titanesque Roue d’Abel Gance, l’ensemble neuchâtelois s’attaque cette fois-ci à une partition commandée à Martin Pring pour accompagner l’œuvre maîtresse de Keaton.
Car, là où Chaplin écrivait lui-même la musique de ses films, les longs-métrages de Keaton ont connu maintes version d’accompagnement. Depuis la partition originale de William P. Perry, plusieurs compositeurs se sont succédé pour proposer leur vision musicale de cette comédie endiablée. Jusqu’à cette commande de l’Opéra Décentralisé de Neuchâtel au compositeur contemporain
Ce 16 août, dans la Grange Sublime, ce seront donc non pas une mais bien deux œuvres qui seront proposées au public méziérois. L’une bientôt centenaire, gravée pour longtemps dans les mémoires de l’histoire du cinéma, la seconde toute récemment composée donc par Martin Pring mais dans un esprit tout à fait conforme aux années 20 dans lesquelles le film a été réalisé. D’où un dialogue détonnant entre deux artistes qu’un siècle sépare. Deux œuvres pour le prix d’une, l’occasion est probablement trop bonne pour être ignorée.
